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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
6 octobre 2019

Ouest toulousain : vers l'extension de la desserte périurbaine

Face à l'essor démographique de la métropole toulousaine, le chemin de fer a un rôle de premier plan à jouer dans la construction d'alternatives pertinentes à l'automobile. C'est l'une des bassins urbains où la mise en oeuvre par étapes d'une desserte RER semble la plus pressante... mais pas forcément la plus facile à mettre en oeuvre.

Arènes - Colomiers : un renforcement éludé par le projet de nouveau métro

Si la ligne Toulouse - Auch n'est pas la plus fréquentée de l'étoile ferroviaire toulousaine, la section périurbaine est aujourd'hui en limite de capacité. Le service au quart d'heure entre Colomiers et Saint Cyprien Arènes, en correspondance avec le métro, est aujourd'hui en régime nominal avec plus de 10 000 voyageurs dans 85 trains par jour... ce qui n'empêche pas SNCF Réseau de la considérer secondaire puisque classée groupe 8 dans la méthode actuelle, tributaire d'abord de la masse des circulations.

Sous l'appellation Ligne C dans le périmètre métropolitain, la desserte ferroviaire comprend actuellement 3 navettes Arènes - Colomiers par heure de pointe et une par heure en journée. En complément, sont proposées une mission Toulouse - Isle Jourdain et une mission pour Auch par heure de pointe. En journée, ces deux missions alternent proposant un sillon généralement direct (certains desservent Lardenne) toutes les heures.

C'est le maximum permis par l'infrastructure entre Arènes et Colomiers, qui conservent une section à voie unique. L'achèvement du doublement (1500 m à hauteur du franchissement de la rocade) avait bien été étudié, mais entre temps, la métropole toulousaine a lancé le projet de troisième ligne de métro, qui serait amorcée à la gare de Colomiers. Son effet sur la fréquentation de la desserte ferroviaire pourrait éluder cet investissement.

Prolonger la desserte périurbaine au-delà de Colomiers

L'étalement urbain va bien au-delà de Colomiers. Le trafic routier est absolument colossal. A l'approche du périphérique de Toulouse, on enregistre plus de 125 000 véhicules par jour sur la section à 2x2 voies de la RN124, à hauteur de Colomiers. Au-delà, plus de 25 000 véhicules circulent sur la route jusqu'à L'Isle Jourdain. Autant dire qu'il n'y a aucun doute sur la nécessité de renforcer la desserte ferroviaire au-delà de Colomiers.

Aussi, la Région Occitanie a demandé à SNCF Réseau d'étudier le prolongement de la desserte périurbaine plus à l'ouest, dont la pertinence se retrouve renforcée justement par le projet de nouvelle ligne de métro, qui renforcera la polarisation des flux sur Colomiers. Le train éviterait la thrombose routière qui ne ferait qu'augmenter à l'arrivée du métro à Colomiers. Qui plus est, prolonger la cadence au quart d'heure vers Pibrac voire Brax pourrait être assurée à moindre coût à parc constant, compte tenu de la durée du stationnement des rames actuellement à Colomiers. Au-delà, le prolongement de la cadence 15 minutes vers L'Isle Jourdain apparaît moins justifié du fait d'un moindre trafic (environ 9000 véhicules par jour) et d'un coût sensiblement plus élevé.

desserte-toulouse-auch-projet

Certains riverains s'opposent au projet, arguant de trains souvent vides... Des voitures par milliers avec un seul occupant à bord ne leur posent manifestement aucun problème. Mais 10 000 voyageurs sur 85 trains donne une moyenne journalière de 117 voyageurs par train. Ces riverains doivent certainement regarder les circulations de contrepointe dont on veut bien croire qu'elles sont un peu moins remplies que les trains dans le sens dominant.

Pour autant, il faudra se résoudre à allonger les quais pour recevoir des trains plus capacitaires. Actuellement, la composition maximale admise est une UM2 d'AGC tricaisses, soit 115 m de long. Passer à 160 m autoriserait des Régiolis bimodes quadricaisses en UM2, pour passer de 320 à 450 places.

Un terrain pour une électrification frugale ?

Jusqu'à présent, on ne peut pas dire que le sujet suscitait un enthousiasme débordant. Pourtant, compte tenu de la densité de circulations et de population autour de la ligne, s'affranchir du gasoil devrait apparaître comme une évidence. Aussi, électrifier la section Empalot - Arènes - Colomiers semble d'ores et déjà devoir s'imposer comme une évidence et pourrait être un des terrains les plus pertinents pour engager un projet d'électrification dimensionné au juste besoin, pour traduire en actes la volonté de la SNCF de s'affranchir du gasoil d'ici 2035, ce qui ne concerne pas que Mobilités mais aussi Réseau. 

Le périmètre pourrait logiquement être étendu jusqu'à Pibrac voire Brax. Quant à la solution à retenir, il semble assez évident qu'une caténaire 1500 V devrait être installée, ce qui bénéficierait à toutes les circulations de l'axe Toulouse - Auch, qui pourraient continuer hors du domaine électrique soit avec les moteurs thermiques des AGC ou Régiolis bimodes (à convertir au biocarburant) soit avec des batteries à condition de créer d'autres points de charge en ligne jusqu'à Auch.

Financement de l'exploitation : un petit sujet politique

Il ne faut pas oublier que cette desserte périurbaine se situe intégralement dans le périmètre de Tisseo Collectivités (ex SMTC), qui perçoit le Versement Transport sur ce périmètre, alors que la Région finance l'offre ferroviaire sans ressource dédiée, et avec une trajectoire d'augmentation des dépenses capée à 1,1% par an. Pour le service Arènes - Colomiers, Tisseo reverse actuellement 1,4 M€ par an à la Région. C'est un sujet central dans toutes les discussions sur les RER dans les grandes agglomérations. La création d'une communauté tarifaire devrait s'imposer, associant la Région, Tisseo Collectivités, la Métropole toulousaine et les autres intercommunalités du bassin de vie toulousain. Cependant, entre ce qui devrait être fait et ce qui se fait réellement, il y a souvent une différence...

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Commentaires
B
Un composant du futur RER Toulousain.
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R
Le métro en 2025 <br /> <br /> Vous êtes bien gentil.<br /> <br /> En sachant qu'il à fallu 6 ans pour construire les 15 km de la ligne B.<br /> <br /> Je ne pense pas qu'une ligne de 27 km verra le jour en 2025
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R
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Nous partageons bien sûr l'essentiel du contenu de cet article.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous nous permettrez cependant d'être un peu déçus de ne pas être cités dans cet article. Avec une brochure de 12 pages (largement inspirée par ce site) imprimée à 5 000 exemplaires, une pétition avec déjà 400 soutiens et une "animation" des réunions publiques, "Rallumons l'Etoile !" s'active pourtant pour obtenir un projet plus ambitieux sur cette ligne.<br /> <br /> https://rallumonsletoile.fr/wp-content/uploads/2019/09/Brochure_12pages_Toulouse-Auch-red-.pdf<br /> <br /> <br /> <br /> Quelques précisions par rapport aux éléments que vous présentez :<br /> <br /> - SNCF Réseau nous dit que la fréquentation ne serait que de 8 000 voy/jours<br /> <br /> - l'offre actuelle est un peu différente de celle que vous décrivez<br /> <br /> - là où l'offre actuelle pourrait être facilement renforcée, c'est clairement les heures creuses, le soir et le week-end -> aucune amélioration envisagée dans le projet<br /> <br /> - les bisbilles entre la Région et Tisséo, c'est tout une histoire (Tisséo reverse 1,3 M€ par an à la Région pour la ligne C, mais n'est pas associé aux décisions / a contrario, la ligne C n'est toujours pas dans le calculateur d'itinéraires de Tisséo et il n'y a pas d'automates Tisséo dans les gares) -> sujet totalement esquivé dans le dossier<br /> <br /> - dans le projet de service, cela fait quand même tiquer de proposer une desserte deux fois plus importante à Brax qu'aux Ramassiers et à Saint-Martin-du-Touch où sont construits des centaines de logements et où une desserte au quart d'heure avait été promise depuis longtemps.<br /> <br /> - l'étude qui a servi de justification à l'abandon des travaux entre Colomiers et les Arènes interpelle (à part un prolongement jusqu'à l'Isle-Jourdain, aucune autre hypothèse d'amélioration de la ligne ferrée n'a été testée : trains jusqu'à minuit, tarification Tisséo intégrale, réalisation des travaux prévus pour doubler la fréquence entre Colomiers et Arènes)<br /> <br /> - la troisième ligne de métro sera livrée en 2025... si tout va bien car cela s'annonce comme un beau parcours d'obstacles juridiques, techniques et financiers<br /> <br /> - les prolongements de quais sont limités à 160 mètres et, comme il n'y aura pas plus de trains (4 aux heures de pointes, 2 aux heures creuses, mais moitié moins dans la plupart des gares), ils seront très rapidement de nouveau blindés. Il aurait été plus judicieux de déjà envisager un prolongement à 220 m.<br /> <br /> <br /> <br /> Au plaisir,
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