SNCF : audition de Jean-Pierre Farandou
Auditionné par l'Assemblée Nationale et le Sénat, Jean-Pierre Farandou a d'emblée étonné les parlementaires par sa prise de distance vis-à-vis de ce qu'on peut déjà appeler les « les années Pépy »... pas seulement sur la forme.
M. Farandou a ainsi voulu placer la SNCF au coeur d'une urgence d'abord environnementale et conforte l'objectif d'une neutralité carbone du groupe en 2035, soit 15 ans avant l'objectif de la France. Le chemin de fer sera le pivot de cette stratégie qui soit aussi répondre - les deux sont évidemment liés - à une urgence territoriale, aussi bien dans les grands bassins urbains - on voit poindre les RER métropolitains - que dans les territoires les moins denses. Les lignes de desserte fine du territoire ne lui semblent pas un enjeu secondaire, au contraire. M. Farandou en a même profité, devant le Sénat, pour souligner que l'Etat doit encore faire des efforts pour augmenter les budgets de renouvellement du réseau (en général) et en particulier sa contribution à ces lignes d'aménagement des territoires. M. Farandou plaide pour une adaptation des méthodes d'exploitation du réseau plutôt qu'une hiérarchisation qui provoquerait l'exclusion des lignes à trafic modeste.
Troisième pilier, le fret : l'approche semble prudente - ce n'est pas forcément un mal - et s'appuie sur la crédibilité de l'offre ferroviaire, c'est à dire d'abord la stratégie commerciale de Fret SNCF et ensuite la qualité des sillons : autant dire que derrière un seul mot, il y a bien des chantiers sensibles à ouvrir, à commencer l'équilibre entre travaux et circulations, et les moyens alloués à la maintenance. Tiens, et si on parlait du Contrat de Performance ?
Il a aussi mis en exergue une fragmentation importante de l'entreprise en prenant un exemple qu'il connaît bien : il était l'unique directeur régional Rhône-Alpes pour les activités Mobilités en 2002. On compte 17 ans plus tard pas moins de 6 responsables chacun sur leur domaine d'activité. La polyvalence lui semble être un des forts enjeux de l'entreprise : là encore, en évoquant son premier poste de chef de gare à Rodez en 1981, il a pu souligner la variété de tâches qui lui incombait, de la gestion des circulations à la vente des billets et même un coup de balai dans le hall... Ce point lui semble assez central dans la trajectoire économique de l'entreprise mais aussi dans la formulation des futures réponses aux appels d'offres lancés par les autorités organisatrices, à commencer par les Régions.
La question de la productivité pourrait être un irritant de son propos, mais au cours de ses auditions, M. Farandou a notamment mis en avant l'importance des frais de structure et les conséquences d'une activité trop morcelée (le fameux silotage dont sont victimes nombre de grandes entreprises). Néanmoins, il a tout de même pris soin de souligner que la durée moyenne du travail n'est pas toujours à 35 heures du fait de multiples accords locaux accumulés depuis de nombreuses années. Un dossier sensible qu'il compte aborder sereinement avec les organisations syndicales, qui attendent d'emblée de pied ferme ce président qui n'effectuera qu'un seul mandat, puisqu'à 62 ans, M. Farandou approche de l'âge limite pour les patrons des grandes entreprises publiques.