Coup sur coup, trois nouvelles attirent notre attention en cette période estivale.
Des taxes en plus pour le transport aérien, des ristournes en moins pour les camions
L'Etat annonce consécutivement, après réunion du deuxième Conseil de défense écologique :
- l'instauration d'une taxe au décollage sur les vols au départ de la France, à l'exception des vols intérieurs d'acheminement, des liaisons vers la Corse et les territoires d'Outre-Mer, variant de 1,5 à 18 € selon les destinations : elle rapportera 182 M€ par an à l'AFITF. Rappelons quand même que le transport aérien bénéficie de l'exemption de taxes sur le kérosène ce qui représente un manque à gagner pour l'Etat de 3,7 MM€ par an, dont environ 300 M€ pour le trafic intérieur.
- la détaxation du gasoil pour les poids lourds passe de 17 à 15 centimes par litre de gasoil : ces 2 centimes récupérés représentent 140 M€ par an au profit de l'AFITF, alors que le transport routier bénéficie d'un avantage à hauteur de 1,2 MM€ par an.
Au total, l'AFITF devrait donc récupérer 322 M€ par an au profit de transports moins polluants et principalement pour le chemin de fer. C'est un début. Un bon début. Mais il en manque encore. Au moins autant !
Evidemment, les compagnies aériennes grognent, le lobby des camions aussi, déplorant que ces investissements n'aillent pas à la route. Il va encore falloir faire de la pédagogie pour expliquer ce qu'est le report modal... Non ce n'est pas toujours plus d'avions, toujours moins de trains... mais le contraire !
Et encore, le ministère des transports réfléchit toujours à une taxation sur les poids lourds en transit par la France... mais qui devra toucher aussi - équité oblige - le trafic intérieur. L'Etat devra compenser d'un côté ce qu'il prend de l'autre dans un jeu - en principe - à somme nulle. Encore une fois : que de temps perdu après le naufrage de l'écotaxe...
Ceci dit, l'Etat prend des risques. Bonnets rouges, gilets jaunes... et maintenant ?
LOM : échec de la Commission Mixte Paritaire
Députés et sénateurs n'ont pas réussi à s'entendre sur la LOM renvoyée par conséquent en seconde lecture à l'Assemblée Nationale. Le Sénat avait pointé les faiblesses d'un texte un peu fourre-tout, esquivant tous les sujets de fonds pour s'occuper de quelques niches. A l'origine, la LOM devait être la LOTI du nouveau monde politique. On en est loin et tout ceci oscille selon les observateurs avisés entre une forme d'arrogance des députés (qui n'ont pas apprécié les orientations du Sénat) et d'amateurisme... On voit bien le côté Loi... mais on cherche le côté Orientation !
Ne nous méprenons pas, mettre les transports routier, aérien et ferroviaire au même niveau n'a pas de sens. Les transports aérien et routier sont fortement concurrentiels. Augmenter leurs taxes, c'est forcément diminuer leur compétitivité car ne croyez pas que ce seront les clients qui paieront, mais les compagnies aériennes et les transporteurs routiers français. Au final, c'est Air France qui en pâtira avec les risques que ce soit, dans le meilleur des cas, le contribuable qui renfloue la société dans quelques années, dans le pire des cas, une disparition totale de la société. Pour le transport routier, ce sont toujours ceux qui font le plein en Espagne puis en Allemagne qui s'en tireront, pas les camions qui font du transit en France. Pour le transport ferroviaire, on rigolera moins dans notre compagnie historique le jour où la concurrence s'installera, et elle ne viendra peut être pas de là où on le pense.
Ne croyez pas aussi que l'AFITF va récupérer les 322M€, l'Etat prendra sa (grosse ?) part au passage. Au nom de l'écologie, on fait tout avaler au contribuable, mais la dure réalité est que bientôt la dette atteindra les 100% du PIB annuel: pas le choix, faute de diminuer les dépenses, il faut lever toujours plus d'impôts.