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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
22 février 2019

UIC 7 à 9 : un an après le rapport Spinetta... ou le principe des Poppys

En février 2018, le rapport de Jean-Cyril Spinetta sur l'avenir du système ferroviaire avait une nouvelle fois jeté un pavé dans la mare en préconisant la fermeture massive de lignes régionales (UIC 7 à 9, désormais appelées lignes de desserte fine du territoire) pour améliorer l'économie du réseau. La belle affaire : c'est la méthode utilisée depuis 1938 et elle a toujours prouvé son inefficacité... mais il faut toujours continuer dans l'erreur de peur de se déjuger.

Face à la colère des Régions, autour du désengagement de l'Etat, le gouvernement avait prudemment botté en touche, ce qui, au regard des précédentes expériences, n'était déjà pas si mal. Mais où en est-on depuis ?

La Loi d'Orientation sur les Mobilités est creuse sur les questions ferroviaires. La réforme ferroviaire transformant le groupe SNCF en Sociétés Anonymes s'attache à des détails de structure juridique mais évitement soigneusement le fond : stratégie, gouvernance et financement. La mission confiée au désormais incontournable préfet François Philizot est chargée de déminer un terrain ô combien sensible compte tenu des tensions entre l'Etat, SNCF Réseau et les Régions, mais la marge de manoeuvre est d'autant plus étroite qu'il semble maintenant à peu près clair qu'il ne faut pas s'attendre à une révision à la hausse du Contrat de (non-) Performance, même pour couvrir les besoins orphelins sur le réseau structurant identifiés dans l'actualisation de l'audit de l'état du réseau.

L'avancement des CPER est très faible et l'Etat ne parvient pas à honorer ses participations financières, amplifiant sur les lignes de desserte fine du territoire le retard dans le traitement des lignes concernées.

Dans ces conditions, la priorité aux trains du quotidien, sans cesse rabâchée, demeure virtuelle. Le fossé entre les Régions et SNCF Réseau s'accroit et le point de rupture n'a jamais été aussi proche. La seule perspective qui se dessine pour espérer la préservation - au moins partielle - du maillage ferroviaire actuel passe probablement par la fin de l'ambiguïté. Les Régions paient la très grande majorité des coûts de renouvellement. Les péages qu'elles versent pour la circulation des trains ne couvrent qu'une partie des dépenses courantes de maintenance et SNCF Réseau commence à leur demander de les couvrir en intégralité (cas d'Oloron - Bedous par exemple) sur des lignes où ne circulent que des trains régionaux.

De ce fait, l'Etat et SNCF Réseau font porter aux seules Régions la responsabilité qui incombe normalement au propriétaire du réseau ferroviaire. L'heure est venue de se poser la question du transfert de la propriété d'une partie de ces lignes aux Régions, qui sortiraient du réseau ferré national pour se retrouver dans une situation comparable à celle des Chemins de fer de la Corse ou de Provence, en société publique locale ou en régie directe.

Encore faut-il établir les critères d'éligibilité de ce transfert et donc arrêter définitivement de fonder toute analyse sur l'utilité d'une ligne par ce qui est improprement appelé « les groupes UIC » et qui n'est qu'une classification franco-française inspirée de principes coordonnés par l'Union Internationale des Chemins de fer et destinée à définir des pas de maintenance de la voie. Encore faut-il associer au transfert de compétence un transfert de ressources aux Régions pour assumer cette mission... et on sait à l'avance que le ministère des Finances cherchera à confier la charge sans les modalités de l'assurer. Encore faut-il aussi admettre que les Régions vont devoir renforcer en nombre et en compétence leurs équipes pour prendre en charge cette charge importante.

On comprend pourquoi il est tellement plus simple de laisser dépérir ces lignes et plaider ensuite la fermeture...Bref, « Non, non, rien n’a changé, tout, tout va continuer… » : c'est le principe des Poppys !

Pas vraiment vraiment le meilleur moyen de « reconquérir la confiance des Régions », tant pour l'Etat, dont les relations avec les collectivités locales ont atteint un haut niveau de criticité, que pour SNCF Réseau, qui supporte parfois des responsabilités qui sont celles de l'Etat... en les amplifiant aussi un peu...

 

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Commentaires
T
Oui parce que si l’approche etait economique, on prendrait en compte le benefice indirect qu’apporte une politique axee sur les transports publics<br /> <br /> Securite routiere<br /> <br /> Pollution<br /> <br /> Moindre besoin d’investissements routiers<br /> <br /> Emplois de la filiere ferroviaire<br /> <br /> Tourisme<br /> <br /> ....et j’en passe
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T
Je pense que deux problemes majeurs expliquent l’absence de volonte et d’ambition pour les transports publics et le rail en France.<br /> <br /> <br /> <br /> 1) elus et haut fonctionnaires ne les prennent pas et donc se sentent peu concernes..supprimons voitures de fonction et remboursement des frqais de taxis, cela changera .....<br /> <br /> <br /> <br /> 2) la demande sociale de transport public s’exprime peu du fait aussi qu’il s’agit <br /> <br /> beaucoup de captifs qui sont pas en age de voter ou qu’on n’entend pas....<br /> <br /> <br /> <br /> En suisse il y a longtemps que les decideurs ont compris de l’interet pour la population,l’economie,l’’environnement (et meme les automobilistes qui se retrouvent moins nombreux) d’avoir un bon systeme de transport public.et ils les prennent...Etant aussi tres utilise par la population,cela pese electoralement et d’ailleurs les referendums sont generallement positifs pour les projets ferroviaires.La demande sociale s’exprime , elle est audible politiquement...
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J
Entre des élus qui sont à la bottes des lobbies (routiers et autres) et une direction de la SNCF qui ressemble à "la cour des miracles" (merci Guillaume), nous sommes vraiment sur le bon chemin...
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T
Pour info aussi en suisse il y a beaucoup de petites lignes a voie normale qui chez nous seraient fermees depuis longtemps...<br /> <br /> Elles sont exploitees par les cff ou des filiales avec une frequence a l’heure
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S
Le problème n'est pas tant de savoir qui est propriétaire du réseau, que de reconnaitre que celui-ci a des couts... et que l'usager ne peut pas supporter<br /> <br /> <br /> <br /> Si on ne regarde que le TER, on peut considérer qu'on a les couts suivants (ce n'est pas complètement exhaustif)<br /> <br /> A - le cout fixe du réseau (qu'il soit d'investissement ou de maintenance)<br /> <br /> B - le cout marginal du réseau (qui augmente à chaque circulation) (qu'il soit d'investissement ou de maintenance)<br /> <br /> C - le cout d'investissement du matériel et des atelier (qui va dépendre des besoins en pointe)<br /> <br /> D - le cout d'exploitation (qui est marginal, au nombres de trains)<br /> <br /> <br /> <br /> Si on regarde les recettes des usagers, on s'aperçoit que ça peut payer une partie de D, mais jamais plus. Donc la logique voudrait que A, B et C, on le considère d'emblée et totalement comme de la subvention. Mais non, on le commercialise !<br /> <br /> A et B sont dépensés par SNCF Réseau... sachant qu'in fine, ça sera de la subvention, directe ou indirecte, à 100%<br /> <br /> - B est payé par une partie du péage kilométrique : ça a un certain sens. Sachant que ce B est payé par SNCF mobilités TER (et bientôt ses concurrents), qui pour y parvenir a besoin en totalité d'une subvention de la Région (qui elle même dépend des dotations de l'Etat...). Mais admettons que cela a un sens : la Région décide "politiquement" du nombre de TER.km, elle en assume le cout<br /> <br /> - A est EN PARTIE payé par UNE AUTRE PARTIE du péage kilométrique.... et donc même cheminement que précédemment. Sauf que ça n'a aucun sens : si une Région décide d'augmenter son offre, elle va "enrichir" indûment SNCF Réseau. Si elle réduit son offre, elle va appauvrir SNCF Réseau. Ce qui pousse + à réduire l'offre qu'à l'augmenter ! Entre entités publiques, l'évidence plaide pour une tarification au coût marginal (et c'est ce qui se passerait s'il n'y avait plus qu'une seule entité, la Région propriétaire de son réseau) !<br /> <br /> - A est EN PARTIE payé par une redevance d'accès (RA), payé par l'Etat pour le compte des région<br /> <br /> - apparemment, tout ceci ne suffit pour payer A, et donc quand de gros investissements se présentent, on refait un tour de table<br /> <br /> <br /> <br /> Donc plutôt qu'envisager un transfert de propriété, il vaudrait mieux établir une tarification du réseau marginal. Avec transparence sur les couts fixes qui devront être payés par ailleurs. <br /> <br /> C'est ce qui avait été fait lors des "plans rails" en Auvergne ou en Midi Pyrénnées : sur les lignes où les Régions avaient consentis de très forts investissements, le péage marginal était composé de seulement la redevance de circulation (RC). La Redevance de réservation était nulle ou quasi nulle pour les catégories D-pr et E-pr
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T
L’etat et la sncf ont choisi une bienmeilleure solution....retrancher les petites lignes du mode ferroviaire.....
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J
"L'heure est venue de se poser la question du transfert de la propriété d'une partie de ces lignes aux Régions, qui sortiraient du réseau ferré national pour se retrouver dans une situation comparable à celle des Chemins de fer de la Corse ou de Provence, en société publique locale ou en régie directe."<br /> <br /> <br /> <br /> CQFD. Depuis longtemps les "petites lignes" auraient dû être retranchées du RFN tout en conservant un accès à celui-ci, idem Suisse, Italie, Allemagne...ect.
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P
Transférer la propriété des lignes rurales aux régions, pourquoi pas mais il faut préserver une interface avec le RFN si l'on veut y faire circuler des trains de Fret ou des Intercités (de jour comme de nuit). Donc faire en sorte que les lignes reprises par les régions soient compatibles avec les règles du RFN.<br /> <br /> <br /> <br /> On espère que cela s'accompagnera de révisions de l'arsenal réglementaire notamment l'absurde directive Bussereau obligeant à la suppression de tous les passages à niveau en cas de réouverture. Ça serait pas mal et ça ne coûte rien à l'État...<br /> <br /> <br /> <br /> Néanmoins, transférer aux régions cela veut dire aussi renforcer l'inégalité territoriale. Les régions riches (AuRA, Occitanie) auront les moyens de financer la rénovation de leur réseau mais pas les régions plus modestes (Bourgogne Franche Comté, Bretagne) même si la réforme territoriale sous la présidence Hollande a attenué ces inégalités. <br /> <br /> <br /> <br /> Et l'état du réseau dépend aussi de la volonté politique des régions. Autant certaines régions sont très impliquées pour leurs petites lignes malgré les contraintes imposées par le groupe SNCF, autant certaines font preuve d'une véritable désinvolture vis-à-vis de celui-ci; on pense à la région AuRA qui se fiche de développer l'offre ferroviaire dans sa région donc la réforme n'y changera rien, tant que Wauquiez adoptera cette posture.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous verrons ce qu'il en aviendra, la situation serait bien meilleur qu'aujourd'hui pour ces lignes mais jamais aussi bien qu'en Suisse ou en Allemagne....
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T
L’exemple des tramways est parlant.....qui a paye le prix de la destruction des reseaux a part la population et la planete?<br /> <br /> Y a t-il eu un mea culpa quelqonque?
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A
C'est la tactique du pourrissement dans sa plus mauvaise expression. Lorsque l'on ne peut, ou lorsqu'on a pas le courage (politique?), assumer ses décisions on laisse aller quitte à accuser d'autres acteurs de n'avoir pas pris les bons moyens! Tant l'état que se soient les élus, ministres, hauts fonctionnaires et "hauts dirigeants" plus promptes à se coopter, sont coupables des abandons en cours et de futurs fermetures de lignes qui ne peuvent que se multiplier. Seront-ils mis devant leurs responsabilités ou redevables de leurs incuries...certainement non! Certains continueront de "belles carrières" passant , selon leurs besoins, du public au privé et vivant très bien du naufrage du réseau et même, comme par hasard, devenant dirigeants des meilleurs morceaux subsistants.
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