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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
15 février 2019

Comment financer la priorité aux trains du quotidien ?

C'est un discours entendu, répété, ressassé, des présidents de la SNCF, des différents membres des gouvernements successifs : priorité aux trains du quotidien. Or cet objectif se heurte à une sévère problématique de financement des investissements à consentir pour transformer le discours en actes.

En apparence aux extrêmes du spectre ferroviaire, les déclarations successives depuis bientôt 2 ans de la ministre des Transports sur le développement de RER dans les grandes métropoles d'une part, et sur le devenir des lignes de desserte fine du territoire d'autre part ont deux points communs : certaines lignes UIC 7 à 9 sont des RER en puissance, et dans les deux cas, il faudra des moyens budgétaires importants pour concrétiser ces intentions.

Or, on le sait, le système ferroviaire français souffre d'une carence importante de moyens. Certes, la productivité de l'euro investi pourrait être meilleure, mais il est illusoire de croire qu'on pourra à court terme redresser la spirale de vieillissement du réseau ferroviaire sans augmenter les moyens pour le moderniser, ce qui permettra ensuite de contribuer à cette optimisation des ressources. Les résultats de l'audit EPFL-IMDM restent toujours autant d'actualité et les critiques à l'égard du Contrat de (non-)Performance se répètent : il manque environ 500 M€ par an pour assurer la pérennité du réseau ferroviaire principal et 700 M€ par an également pour la desserte fine du territoire. On voit bien le côté contrat... mais on cherche la performance !

Le développement des RER, même dans une stratégie par étapes progressives, impliquera des investissements dans les grands noeuds ferroviaires pour adapter les installations à l'évolution de la consistance des dessertes. Plus l'objectif de desserte tendra vers une cible raisonnablement ambitieuse (cadencement au quart d'heure dans les grandes métropoles), plus les investissements requis seront élevés pour aménager l'infrastructure et augmenter sa capacité, embarquant dans certains cas d'importantes opérations de signalisation (avec ERTMS niveau 2 en perspective), évidemment du matériel supplémentaire, sans compter les coûts d'exploitation induits et les aménagements connexes sur les gares, l'intermodalité, les évolutions tarifaires, autant d'éléments périphériques mais indissociables d'une stratégie de développement de l'usage du train dans les grandes métropoles.

Sur les lignes de desserte fine du territoire, le mur d'investissement est colossal par le retard accumulé depuis des décennies (en grande partie volontairement par l'Etat et la SNCF), et l'enjeu va bien au-delà de questions techniques liées au patrimoine ferroviaire : ces questions portent sur la relation entre le réseau ferroviaire et le territoire qu'il dessert, les solidarités entre les zones denses et les territoires éloignés des dynamiques urbaines, l'évolution de l'organisation des territoires autour des gares, mais aussi la coordination des offres de transport en commun, pour apporter des réponses plus crédibles et surtout plus attractives.

La Loi d'Orientation sur les Mobilités en discussion parlementaire s'intéresse pour l'instant un peu trop aux sujets périphériques, de la réglementation sur les navettes autonomes à l'autorisation d'un marché de taxis privés par des particuliers en zone rurale... mais laisse une fois de plus sur le carreau le thème de la politique des transports et de l'aménagement du territoire.

Quant aux ressources, il est aisément compréhensible que la création nette de nouvelles taxes n'est pas forcément possible ni souhaitable dans le contexte actuel... mais il faudra bien trouver une solution pour que le niveau d'investissement soit cohérent avec les besoins du réseau ferroviaire. On mesure chaque jour un peu plus les conséquences du scandaleux processus d'abandon de l'écotaxe. Les carences actuelles, tant sur le réseau ferroviaire que les transports urbains, traduisent une forme de permanence dans l'inaction de l'Etat, indépendamment des majorités et des figures politiques, sclérosé par l'excès de puissance des financiers de Bercy, pour lesquels les réalités du pays ne sont pas compatibles avec une analyse limitée à un tableau Excel, et qui ne verraient pas d'un mauvais oeil une réduction drastique du réseau ferroviaire.

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Commentaires
R
Un gouvernement qui fait des cadeaux fiscaux explicites de 40 G€, qui bénéficient finalement à des groupes qui n'en ont pas besoin - sans compter la tricherie fiscale d'au moins le double et parfaitement tolérée, gouvernement qui chipote pour moins de 2 G€ pour le ferroviaire, qui pourrait pourtant créer bien plus d'activité économique que n'en font les 40 G€, montre clairement le camp qu'il a choisi, et se fout bien de nous et de ce qu'il raconte. Et ce d'autant plus quand on se fausse de "transition écologique".
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T
Oui d’autant que les 5 milliards de soutien direct se traduisent par des benefices indirects qui viendront en deduction<br /> <br /> Tva,emploi lies aux travaux<br /> <br /> Emploi lies aux constructeurs<br /> <br /> Emplois lies a l’exploitation<br /> <br /> Baisse des accidents de la route<br /> <br /> Recettes liees au tourisme<br /> <br /> Baisse des investisements routiers<br /> <br /> <br /> <br /> Au final il restera combien comme effort reel pour le contribuable?
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S
Il faut donc 500 millions+700 millions =1.2 Milliards d'€ d'investissement supplémentaire pour pérenniser tout le réseau. Considérons en 2 Milliards, donc +800 Millions/an pour se donner une grosse marge d'amelioration en signalisation, capacité, renforcement électrique, rajeunissement, reprofilage de certaines courbes, augmentations de vitesse<br /> <br /> Considérons 2 Milliards d'euros/an pour les grands projets de nouvelles infrastructures ferroviaires (de sorte d'avoir mis d'ici 2040 10Md€ sur LNPCA, 10Md€ sur GPSO, 5Md€ sur LNMP, 10Md€ sur LNPN et 5Md€ sur le nord et sud de POCL)<br /> <br /> Considérons la gratuité des TER de province (hors IDF) soit 1Md€/an<br /> <br /> <br /> <br /> 2+2+1=+5Md€/an de soutien public<br /> <br /> Cela contribuerait énormément à faciliter les déplacements en France en se passant d'énergie fossile et de voitures (et donc je ne parle même pas de toutes les économies à la clé que cela permet)<br /> <br /> 5Md€/an, c'est moins que le soutien public à l'eolien et au solaire, qui ne permette absolument pas de se passer de carburant. (et qui vont monter de 5 à 8Md€/an dans les prochaines années... là on les trouve les +3Md€ !)<br /> <br /> <br /> <br /> Si la France se fixait les vraies priorités dans la lutte contre le réchauffement climatique, on s'apercevrait que le financement n'est en fait pas le + difficile. <br /> <br /> <br /> <br /> Nota : si l'égalité des territoires recommande de ne pas abandonner le réseau secondaire, la répartition des sources d'emissions de CO2 dans les transports, qui sont majoritairement issue des trajets longues distance et sur quelques grands axes, il est aussi recommandé de ne pas abandonner les grands axes, mais d'y opérer un très fort report modal.
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J
"Pour info, à l'heure actuelle, le transport maritime représente 2,5% des émissions mondiales de CO2. Loin derrière le transport routier."<br /> <br /> <br /> <br /> Sans doute avez vous raison car il est difficile de connaître la vérité des choses.<br /> <br /> Ce qui donc encore plus grave que ce que je pensais. Merci de l'info. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour le transport maritime, j'en reste à ce que j'ai vu ou connu il y a quelques années.<br /> <br /> Ayant habité Martigues, j'ai pu approcher les gens du port autonome de l'immense zone portuaire qui va de l'étang de Berre à Lavera et de Port de Bouc à Fos.<br /> <br /> Je peux vous dire qu'à l'époque, c'était plutôt glaçant.<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, je suis dans l'obligation de croire les médias.<br /> <br /> https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/diesel/video-porte-conteneurs-supertanker-navires-de-croisieres-ces-bateaux-geants-causent-une-importante-pollution-de-l-air_3161319.html
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J
"la réponse a vos dernières question est facile : c'est beaucoup moins cher, et ca reste suffisamment moins cher même une fois déplacé sur des centaines (voire milliers ?) de Kms." <br /> <br /> <br /> <br /> Tout à fait d'abord, mais parce que nous n'appliquons pas le vrai prix des transports. <br /> <br /> Et cela concerne tous les transports, des avions aux camions en passant par les portes conteneurs qui détiennent le record de la pollution atmosphérique (avant les avions je pense).<br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux plate-formes et autres aménagements, c'est toujours un problème de volonté politique (et de lobbies pour torpiller les projets...). <br /> <br /> <br /> <br /> Et oui, "tant que le trafic PL ne sera pas un minimum réglementé et sanctionné (que ce soit à l'échelle strictement française ou européenne), il ne faudra pas attendre un revirement de politique des transports"<br /> <br /> <br /> <br /> Justement, cela concerne le transport ferroviaire en complète abandon en France. mais pas que, la voie d'eau est dans une situation encore plus préoccupante. <br /> <br /> <br /> <br /> Il y a bientôt des élections Européennes, qui en parle réellement ?
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J
Pour les trains du quotidien, peut-être devrions nous savoir nous contenter de ce qui fonctionne avant d'investir dans le "hasardeux" voire le "loufoque".<br /> <br /> Les Californiens sont les "champions" de l'écologie aux USA et pourtant.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=xVMsAgHy_IY<br /> <br /> Sur ce documentaire, les routes et autoroutes ne sont pas envahies de camions.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous avons moins de "services publics" (Hôpital, transport, école...) qu'auparavant et pourtant le déficit se creuse de mois en mois. <br /> <br /> Avons nous trop d'étrangers (qui travaillent), trop de chômeurs (qui ne travaillent pas), trop d'élites (qui travaillent peu) ? A vous de choisir.<br /> <br /> En tout cas, nos impôts (pour ceux qui en payent) n'y suffisent plus.<br /> <br /> <br /> <br /> Déjà, très simplement, les départementales devraient être interdites aux PL (de plus de 7,5T par exemple) qui y transitent pour traverser la France et éviter les péages ou autres nationales "très surveillées".<br /> <br /> <br /> <br /> A ma connaissance je ne connais pas beaucoup de département qui aient pris de telles mesures à ce sujet.<br /> <br /> l'Allier a eu le courage de le faire mais il n'a pas été aidé par l'Etat et ses voisins...<br /> <br /> <br /> <br /> A défaut, il faut taxer le transport routier sur son coût réel sur les infrastructures (y compris le coût social) pour obliger les "logisticiens" à penser aux autres moyens de transport pour les longues distances.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-il raisonnable ?<br /> <br /> - Que les porcs bretons aillent se faire "trucider" en Allemagne et transformer aux Pays Bas ?<br /> <br /> - Que nous buvions du lait en provenance de l'ex RDA ou de Pologne. <br /> <br /> - Que les tomates cerises d'Andalousie rejoignent Naples par camion.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon dimanche à tous.
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T
1 milliard par an pour pérenniser le réseau et rattraper un retard de 20 ans.....<br /> <br /> Je vous laisse mettre ce chiffre au regard d'autres chiffres<br /> <br /> PIB de la France<br /> <br /> Budget des armées<br /> <br /> Budget de l'éducation<br /> <br /> Budget de la redistribution sociale<br /> <br /> Budget d'investissements routiers par l'Etat et les collectivités locales<br /> <br /> Bénéfices indirects au titre de l'économie ferroviaire, celle des territoires, sécurité routière, emplois,.....<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui manque surtout c'est la vision et la volonté d'investir dans les transports publics au delà de la lecture d'un tableau excel....
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P
À une époque, les grandes infrastructures pouvaient être financées en faisant tourner la planche à billets. Ça ne posait pas de problèmes d'inflation puisque cet argent était réinvesti donc converti en argent réel d'autant + qu'il n'y a pas besoin de beaucoup importer (donc utiliser des devises pour le financement). <br /> <br /> Malheureusement, depuis 1973 et la loi Pompidou, puis l'entrée dans l'euro, la France n'en n'a plus la possibilité et est obligée de recourir à l'endettement extérieur, à la taxe pour financer des projets d'infrastructures.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est donc tout un système qu'il faut bazarder si on ne veut pas faire comme les britanniques c'est-à-dire financer la rénovation du réseau par l'usager et non le contribuable (donc augmenter le prix des abonnements). Sujet extrêmement sensible...
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A
Bonne analyse à laquelle pourrait être ajouter les non respects des plans Etat-Régions ou leurs reports sans date! Ce qui constitue aussi un désengagement financier dit temporaire (faut-il y croire?) mais qui contribuent à aggraver les retards sur des projets dont l'issue est plus qu'incertaine. En attendant roulent les "trains" de camions sur routes et quatre voies avec toutes les nuisances qui en découlent. Et plus ils seront nombreux plus leur "poids", en cas de mesures contraignantes pour eux, sera important et un frein à tout changement de stratégie. Vivement les véhicules autonomes peut-être que eux ne bloqueront pas nos routes en cas de changement de priorités en terme de mobilité?
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