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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
2 juillet 2018

Transition énergétique : et le train ?

Pour que le train ne soit pas oublié de la transition énergétique, il ne faut pas oublier la transition énergétique...

transportrail vous recommande la lecture de cet article bien documenté sur la contribution potentielle du chemin de fer à la transition énergétique.

Comme souligné dès l'introduction, les récents débats sur le transport ferroviaire n'ont absolument pas pris la mesure du rôle essentiel de ce mode de transport dans l'évolution de l'empreinte environnementale des transports, sujet lui-même de plus en plus absent, malgré les autosatisfecits qui ont suivi l'accord de la COP21, aussitôt signé et aussitôt bafoué (pas seulement par les Etats Unis). On peut avoir la fâcheuse impression que la fameuse phrase « L’écologie, ça commence à bien faire » de Nicolas Sarkozy reste toujours d'actualité. Ce n'est pas le tout de faire un coup politique en prenant une vitrine de l'écologie médiatique, encore faudrait-il qu'on arrête de regarder ailleurs alors que la planète brûle (tiens, pour le coup, on cite Jacques Chirac !) de toutes parts.

On a parlé du chemin de fer de façon comptable et par le biais d'un rapport de force entre l'Etat et les syndicats sur le devenir du statut des cheminots. Deux aspects tout de même assez secondaires par rapport au défict sociétal et humanitaire de la transition énergétique et de la maîtrise du réchauffement climatique.  Il est normal qu'on oublie le rôle du train dans la transition énergétique puisque celle-ci a disparu des radars...

Dans le domaine des transports, la transition énergétique est d'abord incarnée par la voiture électrique, mise à toutes les sauces, alors qu'elle est cependant loin d'être la réponse universelle et encore moins d'être la plus vertueuse. L'impact sur la consommation d'énergie serait bien plus fort par un report modal ambitieux (tout en étant lucide sur la part des déplacements pouvant être objectivement concernés) mais cela suppose une réelle volonté politique et, il faut le dire, des moyens importants.

Le réseau ferroviaire français n'est pas aujourd'hui à la hauteur du défi qui est devant lui, en raison de son état général moyen voire médiocre et, en particulier autour des grandes métropoles, d'un déficit de capacité illustrant des décennies d'orientations en faveur de la seule vitesse des liaisons longue distance : on en a un peu oublié la desserte de proximité de ces bassins urbains si bien que créer des dessertes de type RER autour des grandes métropoles, si nécessaire soient-ils, constitue un travail de longue haleine à l'issue malheureusement encore trop incertaine. Manque de volonté politique, lobbying industriel de l'automobile, des producteurs de batteries, passivité du système ferroviaire : tout le monde a sa part de responsabilité.

Le train, acteur d'un aménagement du territoire plus responsable

Le chemin de fer peut être un des outils au service d'un territoire plus économe en énergie, parce que c'est un des moyens de transport qui en consomme le moins, que ce soit pour les marchandises ou les voyageurs. Il peut aussi être le vecteur de nouvelles politiques territoriales qui devraient faire des gares des centralités de services et d'habitat, de nature à encourager un modèle d'aménagement local fondé sur les petites distances, compatibles avec des trajets à pied ou en vélo.

Il ne s'agit pas de faire état d'un quelconque intégrisme : on n'éliminera pas la voiture mais on doit pouvoir nettement réduire la dépendance quotidienne de la population. Tout le monde ne peut pas prendre les transports en commun pour tous ses déplacements, tout le monde n'a pas la possibilité d'aller à la gare à pieds ou en vélo, mais il y a assurément moyen de changer une partie des pratiques. Nos villes et surtout les couronnes périurbaines manquent de trottoirs et de pistes cyclables pour aller facilement vers les réseaux de transports en commun structurants (tramways, trains). Nos campagnes sont pour la plupart très mal desservies et la complémentarité entre le train et l'autocar a des marges de progrès considérables moyennant peu d'investissements mais une dose de bon sens. Certes, il faudra bien entrer dans le vif du sujet avec le retard abyssal d'investissement sur le réseau ferroviaire.

Evidemment, on ne trouvera pas facilement les milliards d'euros pour préserver le maillage du territoire par le rail et lui procurer les capacités nécessaires pour accueillir ces fameux RER métropolitains. La transition énergétique n'est pas une mission régalienne de l'Etat au même titre que la police, la justice, l'éducation ou la protection sociale. C'est un tort : il en va tout simplement de la préservation de la santé publique, de la biodiversité et finalement de l'espèce humaine !

Grande vitesse ferroviaire, construction européenne et report modal

Dans ce contexte, le récent rapport de la Cour des Comptes Européenne, cité par le site Médiarail peut aussi être lu à travers ce filtre : le déficit de coordination entre les Etats membres sur le développement des réseaux à grande vitesse a de fait laissé le champ libre à la voiture et surtout à l'avion sur les parcours au travers de l'Europe. Là aussi, un peu de pragmatisme ne peut faire de mal. Si le discours sur la pertinence du mode ferroviaire en deça de 3 heures à 3h30 doit être relativisé, il est difficile d'envisager des parcours transeuropéens sans un rôle assez conséquent de l'avion : Thalys, Eurostar et même Lyria sont de bons exemples de coopération mais sur des pays géographiquement proches et sur des distances malgré tout moyennes à l'échelle du continent. C'est peut-être aussi pour cela qu'il est le seul. A contrario, le rail a encore du mal à être compétitif face à l'avion et à la voiture entre la France et l'Espagne, ou même entre la France et l'Allemagne (au-delà du bassin de la Ruhr), par des temps de parcours encore relativement élévés (pour les longs trajets) et des fréquences insuffisantes (pour les relations de proximité).

Le gouvernement français se cherche une jambe gauche pour équilibrer sa politique et le Président de la République se retrouve en première ligne sur le volet européen compte tenu de la situation politique parmi les pays pionniers : voici peut-être que le rail et la transition énergétique pourraient être le moyen de concilier les deux, non ? Serions-nous trop terre à terre ?

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Commentaires
K
enfin je retrouvais un article du VCÖ (Verkehrsclub Österreich), concernant l'électromobilité.<br /> <br /> <br /> <br /> Ils disent dans cette article qu'en Autriche 1 sur 6km est voyagé électriquement, dont 98% avec les transports (tram, métro, train, trolleybus), 2% en voiture et vélo.<br /> <br /> <br /> <br /> en totale les Autrichiens voyagent 120mrd km/an, dont 20mrd électriquement.<br /> <br /> <br /> <br /> 11,7 Mrd km avec les chemins de fer et 7,8 Mrd km avec les transports en ville (tram, trolleybus, métro).<br /> <br /> <br /> <br /> Donc, cette réalité indique clairement la direction à prendre : améliorer les transports = transition énergétique.<br /> <br /> <br /> <br /> plus détaillé, mais seulement en allemand :<br /> <br /> https://www.vcoe.at/news/details/vcoe-jeder-6-kilometer-in-oesterreich-wird-mit-strom-gefahren
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B
J'ai de super souvenir de Paris Briançon, Paris - Bourg-Madame, Paris - Venise, Paris - Rome, Paris - Nice, Paris - Toulouse... en train de nuit.<br /> <br /> Facile, confortable, rapide (1/2h de trajet le soir, 1/2 h le matin et entre les deux, un bon somme.<br /> <br /> L'essentiel du trajet se faisait sur un temps de toute façon "perdu".<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, il faut galérer pour aller à la gare tôt le matin ou en fin d'après midi, ou aller au diable vauvert à l'aéroport (et se taper tous les outrages du transport aérien), perdre des heures dans un train ultra rapide à attendre l'arrivée...
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A
En fait il y a trois dimensions : les transports urbains et péri-urbains des grandes agglomérations; les lignes à grandes vitesse (les vraies)...et puis le reste du réseau.<br /> <br /> Ce dernier est de fait abandonné par la SNCF, l'Etat et mêmes par certaines régions qui , comme le font remarquer quelques-uns, repartent sur le réseau routier à coups de centaines de millions d'€. Ces investissements assècheront des finances déjà mal en point rendant parfois le simple maintien des lignes impossible.<br /> <br /> A se demander si l'arrivée des convois autonomes de camions "non polluants" n'a pas fait basculer les orientations en matière de transport. Le transport camions et autocars évoluera plus vite que le ferroviaire et les voitures particulières (sans conducteur la baisse des coûts est très substantielle) et sans "doublon" d'investissement pour les institutionnels.<br /> <br /> Les routes seront engorgées par les poids lourds...et alors de tout façon la vitesse est réduite et le sera de plus en plus. Sur autoroutes cela sera compliqué avec deux files de PL...elles sont privatisées le mécontentement se fera auprès des concessionnaires! <br /> <br /> Donc moins de voitures, voir plus du tout, dans les grands centres avec organisation très complète des transports en commun et des livraisons "écologiques" et ailleurs...que les élus locaux se débrouillent (eux qui veulent pouvoir et prérogatives) avec ou sans trains de toutes manière dans la préparation de son plan stratégique la SNCF ne les cite (les régions) jamais!
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A
merci de produire ces articles mettant en exergue les avantages sociétaux du mode rail. Ces évidences gagnent à être dites et répétées. Ces articles sont une sorte de vulgarisation ferroviaire, avec des mots justes et bien placés.<br /> <br /> <br /> <br /> A nous de les diffuser, les partager pour élargir l'audience au maximum.
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I
La pente va être longue et compliquée à remonter, mais le succès qui nous attend en haut n'en sera que plus éclatant. :p
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K
le truc de 3:30 est que la moitie de la vérité.<br /> <br /> <br /> <br /> Je reviens aux reconnaissances d' Eduard Lill et ses statistiques fait dans la 2eme moitie du 19ème siècle.<br /> <br /> <br /> <br /> Il constatait, que la quantité des voyages se réduit avec la distance en temps, avec la fonction f= 1/x² si on regarde les trajets entières = de la maison à la destination du voyage (donc, par exemple maison-gare de départ -gare d'arrivé-poste de travail)<br /> <br /> <br /> <br /> Après il constatait qu'un voyageur accepte environ 1/3 du temps du trajet en train pour la sommes des trajet entre la maison et la gare de depart et entre la gare d'arrivé et la destination du voyage.<br /> <br /> <br /> <br /> alors pour un trajet de 3h en train les voyageurs acceptent tous ensemble en moyen 1h de trajet pour aller à la gare et de la gare à la destination, donc leurs trajets totales seront 4 heures environ.<br /> <br /> <br /> <br /> Et si nous desinnons une courbe avec une axe de temps 1h, 2h....6h et 1000 voyageurs pour 1h<br /> <br /> <br /> <br /> nous avons une courbe suivante :<br /> <br /> <br /> <br /> 1h = 1000/1²= 1000<br /> <br /> 2h = 1000/2²= 250<br /> <br /> 3h = 1000/3²= 110<br /> <br /> 4h = 1000/4²= 62<br /> <br /> 5h = 1000/5² = 40<br /> <br /> 6h = 1000/6² = 27<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, on voit, pour les trajets >4h (en total) il n'y'a pas beaucoup de potentiel.<br /> <br /> <br /> <br /> Donc, si en France on parle toujours de 3 heures de trajet du train, en Autriche (ou Suisse, Allemagne, Rep. Tchèque...) on parle d'un trajet de 4h porte-porte et nous savons précisément, de quoi nous parlons.<br /> <br /> <br /> <br /> cette perspective de voir le trajet porte-porte au lieue de gare-gare change notamment deux choses:<br /> <br /> <br /> <br /> (1) on peut mieux expliquer la différence entre les moyens des transports, quand on comprends, que le temps de trajet porte-porte est signifiante et ne pas le temps de trajet en train : La courbe pour le temps totale reste toujours la même.<br /> <br /> <br /> <br /> (2) cette perspective explique aussi la politique des arrêts dans les pays de l'Europe central. Plus des gares => chemin à la gare beaucoup plus rapide => temps de trajet en totale plus court => plus des voyageurs.
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R
S'il ne reste de voitures que pour les non valides, en ville - et encore en auto-partage -, et que pour les ruraux qui ne seraient pas encore reconnectés au train, à terme, alors j'appelle ça tout de même un abandon de la bagnole.<br /> <br /> Le seuil des 3h30 de pertinence est un dogme. Si le train reprend sa place, les habitudes culturelles changeront, et on ne se posera plus cette question. Surtout à la (petite) échelle de la France dotée de TGV; parce qu'il y a nettement plus grand : en Russie des trains assurent des relations de plus de 3000 km et de plus de 2 journées, et pourtant ce pays ne manque ni de pétrole, ni d'avion, ni de jem'enfoutisme sur le réchauffement climatique. C'est un dogme fait pour justifier le non investissement massif nécessaire en faveur du ferroviaire.<br /> <br /> Quant à l'argent, si on veut brider de manière très forte le transport par camion et réduire en général le trafic routier, il n'est plus besoin d'investir des sommes folles dans la construction de routes en tout genre et la réfection des dégâts provoqués par les poids-lourds; on détourne vers le ferroviaire les sommes astronomiques qui y sont consacrées. On peut aussi se référer à la page de JM Jancovici sur son idée-prospective de privatiser les routes : https://jancovici.com/transition-energetique/pourquoi-ne-pas-privatiser-la-totalite-du-reseau-routier/
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G
Vu que la caution « écologiste » du gouvernement, à savoir Hulot, est tout occupé à son obsession anti-nucléaire (fermer toutes les centrales françaises coûterait probablement des centaines de milliards, sans avoir la moindre incidence significative sur le CO2 émis), on sait malheureusement à quoi s'en tenir...
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