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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
18 juin 2018

Les autocaristes remercient la grève de la SNCF

Depuis maintenant plus de trois mois, la grève de la SNCF transforme les voyageurs en variable d'ajustement d'un différend entre l'Etat, la direction de la SNCF et les organisations syndicales. Il est souvent fait allusion à la grève de la fin d'année 1995 mais le contexte a profondément changé.

En 1995, le covoiturage n'existait pas. Il y avait bien des auto-stopeurs mais les plateformes Internet ont joué depuis un effet démultiplicateur d'autant plus important qu'assez invisible : on n'a plus besoin de poser son sac à l'entrée de l'autoroute avec sa destination sur un bout de carton. Tout se passe en ligne et en principe sans avoir à attendre des heures la bienveillance d'un automobiliste.

Les Services Librement Organisés d'autocars n'existaient pas non plus. Leur présence est de plus en plus visible sur les autoroutes et ils ont profité de l'aubaine servie sur un plateau d'argent par le trio Etat-SNCF-syndicats pour faire leurs choux gras. En trois mois, l'augmentation du trafic sur les lignes de Flixbus, Isilines et Ouibus atteint 50%. Profitant de la pagaille supplémentaire provoquée par la grève, les autocaristes ont attiré vers eux une partie de la clientèle du train. Le car, c'est plus long, c'est moins confortable, mais c'est moins cher et surtout, il n'y a pas de grève. Encore que, sur le prix, les tarifs ont suivi une pente ascendante avec la grève (ce qui est rare est cher) et l'écart entre le train et l'autocar a été fortement réduit.

Sans surprise, les autocaristes devraient donc afficher d'excellents résultats pour l'année 2018. Quant à la SNCF, qui annonce déjà 400 M€ de pertes, elle aura du mal à capitaliser sur le rebond enregistré en 2017.

Faut-il évoquer aussi le sort de lignes secondaires dont le trafic des plus maigres a été encore un peu plus affaibli par cette grève, avec un service parfois nul pendant plusieurs jours ?

Quel sera l'impact sur la fréquentation des trains lorsque cessera un mouvement de moins en moins compris - admis - par la population ? Si, comme nous le disions précédemment, la méthode a une nouvelle fois privilégié la forme pour mieux abandonner le fond, cette grève à rallonge a surtout pour effet d'amplifier le désintérêt pour le train d'une partie croissante des français. La reconquête du trafic sera d'autant plus difficile que d'autres habitudes auront été prises. En attendant, l'affaiblissement du trafic donnera une nouvelle fois des arguments aux partisans de l'attrition ferroviaire, idéalement servis par ceux qui disent défendre le chemin de fer...

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Commentaires
V
Plus le temps passe, plus je me dis que cette grève est un piège que le pouvoir a tendu à la SNCF et à ses syndicats. Une grève longue et usante, d'où l'opérateur historique va ressortir fort amoindri, tandis que les autocaristes et nouveaux entrants potentiels, eux, vont se frotter les mains.<br /> <br /> <br /> <br /> Un débarquement anticipé de Guillaume Pépy et son remplacement par Mathias Vicherat ne sont pas à exclure à l'issue de ce conflit.
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F
Oui le ferrovipathe que je suis mais aussi usager du rail (j'ai subit les effets des grèves de 95 entre autres lorsque j'étais encore en activité) a bien les yeux ouverts ( je suis bien conscient qu'il ne peut y avoir des trains partout. On peut aimer le rail sans être pour autant naïf) et ne peux qu'être révolté du sabotage du rail qui a lieu en ce moment dans notre pays...ainsi que la position tranchée de deux syndicats en particulier qui en accélère le processus alors que l'on est bien conscient que ce n'est pas leur outil de travail qu'ils défendent mais la représentation de leur organisation au sein de la SNCF.<br /> <br /> Quant au retour des usagers dans les trains c'est sur que dans certains cas de figure ça va être très difficile.....voir impossible.....
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R
Bien d'accord avec Iegou concernant le mode de pensée des cheminots, en tout cas de certains, et plus particulièrement de ceux qui aujourd'hui font grève. <br /> <br /> Quant au retour de l'ensemble des clients dans les trains, après ce qu'ils sont en train de subir, on peut toujours croire au père Noël. Ce mouvement social aura été une fabuleuse et gratuite publicité pour les concurrents routiers et aériens. Depuis début avril, les sociétés d'autoroutes autour de Lyon et bien au delà, ont mis en place sur leurs grands panneaux le slogan "Grèves - pensez covoiturage". Nul doute que de nombreux clients/usagers, qui ont largement fait appel à ce "nouveau" mode de déplacement, ont retenu le message et s'en souviendront au delà des grèves.<br /> <br /> Pour retrouver l'essentiel de ses clients, la SNCF devra proposer des petits prix, ce qu'elle fait d'ailleurs actuellement les jours de grève, et surtout que les syndicats cessent de pratiquer la politique de la terre brulée, sinon, avec l'arrivée de nouveaux opérateurs, ce sera la fin de la SNCF, ou, à tout le moins, sa marginalisation dans l'univers ferroviaire français.
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F
Oui être ferrovipathe est devenu difficile ces derniers temps mais on continue à résister quoi qu'il en soit dans ce pays.....
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D
Reste le soucis des bouchons autour des grandes villes. Vivement que la voie la plus à gauche soit réservée aux véhicules transportants au moins deux personnes (ou au moins trois personnes ?) (pas de retour à vide pour les taxis par ces voies héhé :) ) (les artisans ont des camionnettes à 3 places devant et travailleront toujours à 3 du coup)
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T
Sur le comfort des autocars ce n'est pas tout a fait vrai. Ce n'est plus les cars d'autrefois.<br /> <br /> <br /> <br /> La plupart des cars ---meme sur les lignes low costs a la OUIBUS--- ont:<br /> <br /> 1. Des toilettes (certes etroite mais elles existent)<br /> <br /> 2. Des sieges tres comfortables. C'est au moins aussi comfortable qu'un TER2N :)<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez raison de souligner par contre que les tarifs remontent doucement apres avoir capte une important clientele.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis comme la plupart des visiteurs de ce forum un pro-train (quand c'est necessaire bien sur :).<br /> <br /> Mais j';avoue que sur un trajet Rouen-Lille que je fais souvent je me pose la question du car.<br /> <br /> - Durant la greve les trains sont systematiquement annules (1 AR par jour)<br /> <br /> - Les jours de non-greve il y a toujours un AR annule<br /> <br /> - La correspondance a Amiens est ratee dans 33% des cas 33%!!!.
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B
Le gouvernement, comme ceux des 40 dernières années, n'a qu'un objectif : se débarrasser d'un symbole de la résistance populaire à l'oppression ultra libérale.<br /> <br /> Ils ont pendant ces 40 dernières années creusé tant et plus une dette (tant celle de la SNCF que celle de l'état) sur le bon principe que pour se débarrasser de l’intérêt général, il fallait le mettre en faillite.<br /> <br /> Le réseau ferroviaire, infrastructure comme personnel est promis à la casse par ces jean-foutre qui n'ont qu'un intérêt, prendre l'oseille et se tirer dans des paradis fiscaux.<br /> <br /> <br /> <br /> Tout ceci alors que les transports sont une contrainte première de la transition énergétique indispensable à la perpétuation de la vie humaine sur cette planète à brève échéance (100 à 500 ans)<br /> <br /> <br /> <br /> Et on nous promet la même chose pour la santé, l'éducation, la retraite, la vie !<br /> <br /> <br /> <br /> Alors pour les leçons, merci.<br /> <br /> <br /> <br /> Un citoyen, sans aucun lien avec le service public des transports ou l'industrie ferroviaire, salarié du privé, et néanmoins conscient que ce qui se joue, c'est ce qui s'est débattu en 1789: qui doit détenir le pouvoir ? le peuple au profit de l’intérêt général ou une oligarchie dont le seul objectif est l’accumulation infinie de la richesse, créant du même coup la plus grande pauvreté et hypothéquant l'avenir de l'humanité.
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P
Dire que la grève va contracter durablement le train est au mieux stupide, au pire malhonnête. Dès lors, que le train a un avantage comparatif sur les autres modes de transports, il peut survivre à toutes les grèves. La concurrence des cars doit au contraire être vue comme une opportunité pour repenser l'offre ferroviaire de manière à ce qu'elle soit concurrentielle (en remettant en selle les Intercités Éco par exemple ou en favorisant l'intermodalité rail-transport urbain). Alors effectivement, la grève peut accélerer le démantèlement des lignes régionales mais tôt ou tard ces lignes auraient été fermées compte tenu du sous-investissement de ces lignes en France.
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7
… la grève, une aubaine pour les autocaristes ? Si privatisation et ouverture à la concurrence, ce sera la même aubaine pour les autocaristes. Vous le savez bien. Donc ne faites pas à nouveau des cheminots les boucs-émissaires du déclin du Chemin de Fer. Qui plus est, je vous invite à regarder de très près l'avenir - déjà présent ! - de Clermont-F. - Nîmes… (la grève n'y est pour rien !) ainsi que l'excellent rapport de la FNAUT ci-dessous :<br /> <br /> https://www.fnaut.fr/actualite/communiques-de-presse/663-transferts-sur-route-de-services-ferroviaires
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S
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Y-a-t'il une date envisagée pour sortir de cette grève interminable, ou c'est parti jusqu'en décembre ? Le gouvernement ne semble pas prêt à renoncer, donc...
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