Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
12 juin 2018

La FNAUT réclame un moratoire sur la fermeture des lignes

La FNAUT monte une nouvelle fois au créneau sur le dossier des petites lignes et profite de l'actualisation d'une étude sur les conséquences de la mise sur route des dessertes ferroivaires frappées du syndrome : « pas de trafic, pas de potentiel, pas d’avenir ». Elle tacle judicieusement le rapport Spinetta et les considérations dominantes, y compris à la SNCF, estimant que les lignes les moins fréquentées devraient être exploitées par autocar.

La lecture de cette étude est donc vivement recommandée. Vous pouvez aussi retrouver le dossier de transportrail sur le sujet.

Selon un directeur à la SNCF, « sur une ligne à 500 passagers quotidiens, il est plus économique et près des besoins de faire rouler des cars fréquents de 50 places que deux trains quotidiens de 250 places ». Bref, comme le dit très justement la FNAUT, « en Suisse, on remplit les trains. En France, on ne sait pas les remplir, et on les supprime en prétextant qu’ils sont vides et que le car est moins cher». Il n'y a pas qu'en Suisse, d'ailleurs : c'est la même logique en Autriche ou en Allemagne. Etant donné que le chemin de fer est un système à capitaux fixes élevés (l'infrastructure et le matériel roulant) et à fort investissement humain, quand ils existent, il faut les utiliser. Forcément, quand on ne propose que 2 ou 3 allers-retours par jour (la semaine), en mobilisant un autorail, un conducteur, un contrôleur et du personnel en ligne pour la régulation du trafic, cela coûte cher par voyageur transporté... mais s'il n'y a personne dans les trains, c'est d'abord parce qu'il n'y a pas de trains ! Quand on a 7000 ou 9000 véhicules / jour face à une offre aussi squelettique (type Morlaix - Roscoff, Abbeville - Le Tréport ou Epinal - Belfort), comment s'étonner des faibles chiffres de trafic ? Avec ces moyens mobilisés, il faut produire des kilomètres (ils seront au coût marginal), ce qui mécaniquement amènera un peu plus de voyageurs, diminuant le coût par voyageur transporté.

Pour la FNAUT, aucune fermeture de ligne ne doit intervenir sans une étude socio-économique qui évalue le niveau de chalandise potentielle du train, l'offre à mettre en oeuvre, le coût de réhabilitation des infrastructures et leur adaptation au service, les retombées sur l'économie locale, la sécurité routière et la préservation de l'environnement. Elle réaffirme la nécessité pour les autorités organisatrices de pouvoir juger sur pièces les offres de différents opérateurs pour s'affranchir d'une SNCF qui, jusqu'à présent, n'a pas été réellement force de proposition sur ces axes.

L'étude comparant la situation du trafic avec train ou sans train est d'autant plus intéressante qu'elle peut être comparée avec les résultats d'une première enquête menée il y a une dizaine d'années. Le résultat est sans appel : quand le train est supprimé, le voyageur va d'abord... dans sa voiture ! Réalisée par Trans-Missions, l'étude montre une amplification du report vers la voiture en cas de suppression de l'exploitation par trains, avec une moyenne de -41% sur un échantillon de 12 lignes desservant des territoires variés (du périurbain de grande métropole aux territoires plus ruraux). A l'inverse, sur la base de réouverture ou de modernisation lourdes relativement récentes, rien qu'en France, le retour du train provoque en moyenne une hausse du trafic de 65%. En Allemagne, les études estiment le bénéficie des réouvertures à un gain de fréquentation de l'ordre de 30 à 45% selon les cas, mais avec des succès parfois bien plus colossaux

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Comme le disent certains le "plan" (s'il existait) serait de remettre en état et au niveau d'équipement le réseau avant de songer à instaurer des concurrences...sérieuses et durables. Un réseau dégradé et non fiable, sauf à trouver des concessionnaires solution non envisagée, ne provoquera que des déconvenues quelque soit l'opérateur de transport. Il s'agit d'un choix, lourd en investissements, qui n'est pas fait par l'état, impossible vu les finances de la SNCF (dans sa globalité) et que les régions, impliquées mais peu associées aux débats, ne pourraient seules supportées. L'asticot est dans le fruit et le fruit est "pourri"; qui voudra le croquer !?
Répondre
K
L'étude de la FNAUT dit à peu près la même chose que toutes les études faites avant dans plusieurs pays européens. Une ligne ferroviaire transmis en autocar perde des clients. Combien elle perde dépende de l'attractivité de la ligne ferroviaire avant. Si elle est déjà assez pourrie (vitesses réduites etc...) on perde naturellement moins que dans le cas la ligne est maintenue.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre l'étude pourrait dire quelques choses en plus, dépendent des situations<br /> <br /> <br /> <br /> (1)Le cas Tours - Chinon et Aix - Marseille dit : une fermeture fait perdre des clients, ça se ne ra-trappe plus avec la réouverture, il y'a des clients perdues définitivement.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans les années 80 du dernier siècle, ces pertes étaient beaucoup plus profondes qu'au jour d'hui : après perdre 53% des clients on avait encore 47% des clients fidèles. la réouverture faisait regagner 17% de 47%, donc enfin on avait 55% des voyageurs initiales.<br /> <br /> <br /> <br /> Au jour d'hui la circulation sur les routes etc... est si important que les pertes définitif sont beaucoup moins, on voit entre Aix et Marseille : après perdre 62% des clients on avait encore 42% des clients fidèles. la réouverture faisait regagner 69% de 42%, donc enfin on avait 81%% des voyageurs initiales. les autres 20% étaient certainement rattrapé facilement les années suivantes, donc, les temps ont changés. Les transports et notamment les chemins de fer sont beaucoup plus intéressantes qu'il y'a 30 ans. <br /> <br /> <br /> <br /> (2)dans les temps modernes, si une ligne ferroviaire est modernisée, elle peut même gagner du potentiel et des clients, regardons l'exemple Nantes - Pornic et St. Gilles :<br /> <br /> <br /> <br /> les deux lignes (évidement déjà bien fatigué et sans attractivité pour les usagères) perdaient seulement 20% (pornic) et 38% (St. Gilles) des clients, mais gagnaient 110% (Pornic) et 104% (St. Gilles) des clients après la réouverture.<br /> <br /> <br /> <br /> Donc en 2016 on avait 168% des passagères de 2014 entre Nantes et Pornic et 127% entre Nantes et St. Gilles, on gagnait en total des nouveaux clients.
Répondre
S
J'ai quand même du mal à voir ce qu'apportera la concurrence sur un réseau régional globalement pourri comme en Nouvelle-Aquitaine... Sur Limoges - Angoulême, un autre exploitant que la SNCF aura toujours une voie partiellement suspendue pour vétusté. Ce sera donc l'autocar, rien de bien révolutionnaire...<br /> <br /> Par contre, sur une ligne type Bayonne - Saint-Jean-Pied-de-Port, un retranchement du RFN et son exploitation et entretien par une PME permettrait de gérer la ligne de manière locale et de la dynamiser. Les exemples du Blanc-Argent ou Carhaix-Paimpol montrent qu'une gestion de proximité est peut-être plus intéressante que la mise en concurrence de grands groupes ferroviaires lointains...
Répondre
Q
A propos de la ligne Morlaix-Roscoff, son sort semble hélas scellé puisque dimanche dernier les pluies torrentielles qui y sont abattues ont provoqué un glissement de terrain emportant une partie de la voie (https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/apres-les-degats-sur-la-ligne-morlaix-roscoff-des-craintes-pour-l-avenir-5804693).<br /> <br /> La ligne risque fort de ne pas se remettre de cet événement...
Répondre
A
Les syndicats de cheminots n'ont pas compris que lorsque l'on a 308 députés à l'Assemblée Nationale, Jupiter peut tout se permettre, car " tel est son bon plaisir".<br /> <br /> Ils m§nent un combat perdu d'avance et sont en train de griller toutes leurs cartouches, alors qu'il fallait se réserver pour agir sur la Convention Collective du ferroviaire.
Répondre
O
Entièrement d'accord de A à Z y compris sur la sortie de grève qui risque d'être douloureuse car les changements de comportement sont rapides et peuvent être durables !
Répondre
S
On a visiblement pas encore compris en France que l'offre crée la demande. Plus un service est visible et attractif, plus il sera utilisé. Une ligne desservie par deux trains par jour ne sert quasiment à rien. <br /> <br /> <br /> <br /> Par contre il faut bien se rendre compte que si une desserte ferroviaire se développe, des séquences de grève telles que vécues actuellement mettent tout par terre. Les cheminots scient la branche sur laquelle ils sont assis. Je pense que cela a un réel impact sur la perception du service ferroviaire.
Répondre
I
Je pense que la blague qui consiste à demander si la SNCF s'intéresse au train prend parfois tout son sens, même si elle doit être précisée : la SNCF s'intéresse au volet technique et aux performances du chemin de fer, la partie clients et politique est plutôt vécue comme un ensemble d'embêtements, qu'il faut néanmoins en prendre en compte pour pérenniser l'entreprise.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans la pratique, et malgré vingt années de recul depuis le début de la généralisation, la perception de l'utilité du TER reste au ras des pâquerettes : selon SNCF Mobilités, mais la définition est aussi très en vogue au sein des Régions, ça ne servirait qu'à transporter les pauvres qui n'ont pas les moyens d'acheter une voiture, les scolaires/étudiants et les gens qui vont travailler. C'est une définition qui porte le ferroviaire au même niveau que la CMU pour la santé, un truc qu'on pérennise pour "faire social", mais qui n'a pas vocation à se développer et encore moins à enclencher une révolution dans la pertinence des modes de transports et encore moins la transition énergétique (c'est quoi ce truc !?).<br /> <br /> <br /> <br /> Au contraire, les Suisses, les Allemands et autres ont vraiment compris qu'investir dans les transports ferroviaires impliquaient une triple équation gagnant-gagnant : gagnant pour les particuliers qui peuvent se déplacer mieux et moins cher (notamment en économisant souvent l'acquisition d'une seconde voiture), la collectivité (investissements fortement amortis par l'usage) et l'environnement/externalités de l'automobile. C'est un "service public" au sens noble et ambitieux, alors que chez nous ce terme recouvre pudiquement des revendications catégorielles et parfois même franchement rétrogrades.<br /> <br /> <br /> <br /> Redisons-le (ça devient une passion de parler dans le désert) : le développement du train n'est pas une fin en soi, c'est un outil puissant au service de l'amélioration des conditions de vies des habitants de ce pays, et de l'aménagement de son territoire. Ces enjeux, qui sont le cœur de l'action publique, nécessitent une vraie politique de transports, faites d'ambitions, de priorités, d'arbitrages et d'investissements !<br /> <br /> <br /> <br /> Ce serait très "nouveau monde" et "jambe gauche" (pour faire appel à la phraséologie du moment) de s'y atteler. Maintenant, sans vouloir vous commander, Monsieur le Président.
Répondre
L
Sur le dernier paragraphe, c'est d'autant plus vérifiable en ce moment avec les séquences de grève : si au début il fallait arriver très en avance et jouer des coudes pour arriver à monter dans les cars de substitution, désormais, on voit bien que les cars sont moins remplis et que les usagers se sont reportés sur l'automobile (personnelle, covoiturage) pour assurer leurs déplacements.
Répondre
S
Vu qu'on s'achemine vers une libéralisation et que les investissements seront très maigres dans les infrastructures structurantes ou régionales par rapport au retard accumulé, on peut s'attendre à une vague de fermetures par pourrissement type Limoges - Angoulême. Quelle entreprise voudra faire rouler un train à 40 km/h ?<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, en Nouvelle-Aquitaine, la région n'a rien trouver de mieux que d'interdire aux agents circulation de vendre des billets à certaines heures dans de nombreuses gares (Meymac, Thiviers, Ussel, Chabanais, Jarnac, etc.). Soit disant pour faire des économies. Une économie de services aux usagers surtout parce que les agents sont toujours là mais de fait moins polyvalents ! Un comble.<br /> <br /> <br /> <br /> Depuis que la SNCF applique les recettes libérales (accentué progressivement depuis 1997 et l'éclatement) :<br /> <br /> - des lignes ferment (malgré le fort investissement des régions) ;<br /> <br /> - de nombreuses relations ont disparu (trains de nuit, transversales) ;<br /> <br /> - le fret s'est effondré (les filiales routières se développent) ;<br /> <br /> - le réseau pourrit sur place (ne parlons pas des voies de service qui sont envahies par les herbes) ;<br /> <br /> - les services aux usagers diminuent de manière folle (auto-train, restauration, guichets, personnels d'accueil, toilettes devenues payantes, ...).<br /> <br /> <br /> <br /> L'ouverture à la concurrence sera à double tranchant : elle redynamisera sûrement le train sur le modèle de l'aérien (prix en baisse sur les lignes TGV) entre les métropoles, mais en même temps il y aura une casse massive de tout ce qui n'est pas du TGV à fort potentiel.
Répondre
Publicité