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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
5 juillet 2017

Politique des transports : le grand examen

Alors que ce matin, les lycéens découvrent - parfois avec angoisse - s'ils sont ou non reçus au baccalauréat, la nouvelle ministre des transports, Elisabeth Borne, livre un entretien aux Echos qui laisse entrevoir la perspective d'une remise en cause générale de l'ensemble des projets routiers et ferroviaires avec des examinateurs pour le moins sévères.

Confirmation d'abord que la pause va prioritairement concerner les LGV Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Dax (GPSO), Montpellier - Perpignan (LNMP), mais aussi le canal Seine-Nord (n'oublions pas que le Premier Ministre était maire du Havre, dont le port serait la première victime de sa réalisation) et l'autoroute A45. Il ne manque plus que l'aéroport Notre Dame des Landes pour réaliser le Grand Chelem : l'oral de rattrapage est prévu en décembre, mais manifestement, le projet est en ballotage défavorable. Plus délicate en revanche sera la décision sur Lyon - Turin compte tenu des engagements avec l'Europe et l'Italie. Mais si on veut "taper dans le dur", il faut commencer par le dessus de la pile. Résultat des examens attendu au cours du premier semestre 2018 après la réforme de la LOTI.

Autre information qui mérite d'être soulignée : il n'y aura pas de nouveau plan de relance autoroutier. Les concessionnaires avaient fait pression pour obtenir des moyens supplémentaires, en contrepartie d'une nouvelle extension de leur concession. Pour la ministre, la priorité doit plutôt aller au réseau non concédé qui subit un déficit d'entretien de plus en plus perceptible, et on sent poindre une interrogation sur l'équilibre modal.

En matière de concurrence intermodale, la stratégie semble devoir encourager le covoiturage dans une double perspective de réduction des engorgements et de diminution de la consommation d'énergie fossile avec à la clé une maîtrise des émissions polluantes. Pour la SNCF, le mot est net : elle est "sommée" d'améliorer son efficacité. Ce n'est plus "peut mieux faire" mais "doit mieux faire", surtout si l'entreprise ferroviaire veut que l'Etat étudie avec bienveillance une reprise partielle de la dette.

Quant au financement, l'écotaxe n'est pas de mise, mais une taxe sur le trafic des poids lourds commence à être évoquée, mais essentiellement sur le réseau national.

Dans la suite de l'entretien, la ministre rappelle les promesses non financées des précédents gouvernements et parallèlement la dégradation continue du réseau classique avec 5300 km de sections ralenties du fait de l'absence de renouvellement. L'entretien et la modernisation seront systématiquement prioritaires sur les grands projets, variable d'ajustement du budget ferroviaire, mais l'opérateur doit aussi progresser fortement dans sa façon d'appréhender le marché et de produire le service. Pas un mot sur l'ouverture à la concurrence, pour éviter de mettre trop rapidement les syndicats dans la rue, mais on peut se douter qu'elle sera au menu des Assises de la mobilité de l'automne puis de la révision de la LOTI.

Le Contrat de Performances n'est pas - encore ? - évoqué : y aura-t-il révision à l'issue des orientations prévues l'année prochaine ? C'est probable puisque la planification sur 5 ans des investissements publics a été annoncée une fois de plus hier par le Premier Ministre dans son discours de politique générale.

Concernant enfin le réseau secondaire, la ministre considère que c'est aux Régions de décider si des lignes doivent être fermées : une façon de dire que ce n'est pas à la SNCF de décider, que ce soit en tant qu'opérateur ou gestionnaire d'infrastructures, étant donné que c'est la collectivité qui paie. Donc qui paie décide.

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Commentaires
S
Arrêter les grands projets ferroviaires, et les opposer aux transports du quotidien est une erreur et n'aboutira qu'à un recul du rail. <br /> <br /> Des transports du quotidien ont besoin de grands projets<br /> <br /> <br /> <br /> Des LGV leur ont servi<br /> <br /> <br /> <br /> Et personne ne démontre qu'avoir construit des LGV est ce qui a empêché d'entretenir le réseau existant. Au contraire, cela lui apporte un financement. <br /> <br /> S'il fallait faire circuler tous les TGV existants des LGV, sur le réseau conventionnel, mais avec des passagers moins nombreux et payant moins, cela couterait beaucoup + à la puissance publique, et le réseau conventionnel se serait suremement encore + contracté
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K
une autre chose j'appelle transports des quotidiens : les transports de loisir du weekend. Et mon meilleur exemple comment ça (ne marche pas) en France est la Foret de Fontainebleau.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y'a milliers des Parisiens chaque weekend, des grimpeurs, randonneurs etc... Et ils viennent tous en voiture, quand il n'y'a pas grande autre possibilité.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour venir en transport il y'a la ligne R et le réseau des villes de Fontainebleau et Avon. On peut, donc, joindre la forêt autour de la ligne ferroviaire (il y'a une halte mythique au milieu de la forêt) ou autour de Fontainebleau lui-même. Une proposition assez limitée. On ne veut pas toujours se promener dans la même endroit ou grimper sur les mêmes roches. Par contre les massifs a l'ouest de la foret sont absolument inaccessibles.<br /> <br /> <br /> <br /> Et je parlais avec pas mal des grimpeurs, qui prennent la voiture le matin pour aller à la foret et qui sont coincé dans le bouchon le soir et qui prendraient les transports si possible. Mais, comme je disais, il n'y'a presque rien.
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K
Immaginons, les 5300km des sections ralenties sont 18,4% du réseau (28800km), qui est lui-même déjà un torse. Ou, dit autrement, 2,5x la longueur des LGV (2043km)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> chiffres de comparaison à trouver dans la 5th market monitoring report du IRG<br /> <br /> https://irg-rail.eu/irg/documents/market-monitoring/135,2017.html
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I
"Donc qui paie décide."<br /> <br /> La révolution, rien que ça...<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime bien le ton général de l'article, qui tranche avec vos réserves antérieures. Monsieur ORTF, serait-on tenté de bansculer avec entrain dans la transgression marconnienne ?
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