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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
17 mai 2017

Les transports dans le nouveau gouvernement

Le président des autocars

Emmanuel Macron, l'homme qui a porté la loi libéralisant le marché du transport routier de voyageurs en France, et qui en déplacement à Toulouse, s'est demandé pourquoi tant de mobilisation pour une ligne TGV entre Bordeaux et Toulouse alors qu'existe un bon service aérien, a donc été élu président de la République. De prime abord, les transports, au coeur du quotidien de nombreux français, ont non seulement été hors du débat politique pendant la campagne électorale, plus proche du champ de mines que du débat démocratique, mais ils on été aussi considérés sous un angle atypique dans l'action du nouveau chef de l'Etat dans ses précédentes fonctions ministérielles.

Sa prise de position favorable à l'ouverture à la concurrence des services ferroviaires intérieurs a été remarquée en refusant une phase d'expérimentation  jugée "hypocrite". Ce qui promet de sérieuses secousses sociales lorsque le projet de loi sera présenté au Parlement...

Restait donc à connaître la composition du premier gouvernement, qui ne durera en principe que jusqu'au résultat des élections législatives, pour évaluer la sensibilité de la question des transports, qu'il s'agisse des besoins de mobilité des voyageurs ou des enjeux du fret.

Un Premier Ministre à la réputation plus que mitigée

Le nouveau Premier Ministre, Edouard Philippe, pour l'instant toujours maire du Havre, suscite lui aussi des interrogations. Dans cet article du Monde, il est rappelé son opposition à la loi de transition énergétique et à la loi sur la biodiversité, et son rôle de lobbyiste du groupe Areva dont il fut directeur des affaires publiques de 2007 à 2010. A la mairie du Havre, il a défendu le maintien de l'une des 4 dernières centrales au charbon de France, et la question des transports urbains reste peu présente dans les débats depuis l'ouverture des 2 lignes de tramways lancées par son prédécesseur.

Verra-t-il un intérêt pour la question des transports par le prisme de l'activité du port du Havre ? Certes, M. Philippe s'est montré favorable au projet de réouverture de la ligne Serqueux - Gisors et au projet LNPN. Il a même qualifié le canal Seine-Nord d'"ânerie" (d'autant qu'il condamne le port du Havre), mais il a dû par discipline de parti, de mettre de l'eau dans son cidre...

Transports et territoires : un trio Hulot - Ferrand - Borne

Décidément, cette élection présidentielle et ses suites ne manquent pas de nous surprendre. Ainsi, Nicolas Hulot a accepté d'entrer au gouvernement comme Ministre d'Etat, chargé de la transition énergétique. Elisabeth Borne, jusqu'alors PDG de la RATP, devient ministre déléguée aux transports auprès de Nicolas Hulot. Enfin, Richard Ferrand est nommé ministre de la cohésion des territoires.

Première nouvelle, il y a un ministère des transports, certes délégué, mais ce n'est plus un secrétariat d'Etat. Cependant, Nicolas Hulot apparaît un peu comme une tête d'affiche pour incarner le renouveau et l'entrée de la société civile au gouvernement, mais par expérience, ces nominations ont été souvent les plus éphémères (le Professeur Schwartzenberg en 1988 ou Jean-Jacques Servan-Schreiber en 1974 n'avaient tenu qu'à peine un mois).

Elisabeth Borne, ancienne Préfete de la Région Poitou-Charentes et qui fut aussi directrice de cabinet de Ségolène Royal au Ministère de l'Ecologie, avait été nommée à la RATP voici tout juste 2 ans. Sa carrière dans le domaine des transports n'est pas mince puisqu'elle fut aussi conseillère de Lionel Jospin à Matignon de 1997 à 2002, directrice de la stratégie à la SNCF de 2002 à 2007. Elle est réputée dans le secteur pour son caractère affirmé, au moins autant que celle du Président de la République et du Premier Ministre...

Enfin, on notera un ministre de plein exercice chargé de la cohésion des territoires, confié à Richard Ferrand, l'une des figures historiques du mouvement lancé par Emmanuel Macron. Aura-t-il son mot à dire sur certains sujets très critiques, comme par exemple le risque de désertification ferroviaire ?

Quelle sera la cohérence ce trio improbable ? Comment Nicolas Hulot assumera-t-il les arbitrages dictés par Bercy (confié au passage au transfuge libéral Bruno Le Maire) ? Quel fonctionnement du tandem Hulot - Borne ? Quelle vision territoriale de la mobilité, pas seulement dans les grandes zones urbaines ?

Quelles orientations sur des sujets aussi sensibles que Notre Dame des Landes, l'écotaxe, les mises en demeure récurrentes de l'Union Européenne sur la qualité de l'air en France, la concrétisation de l'accord de Paris sur le climat vues les positions américaines et évidemment le devenir de la filière nucléaire ?

Et le rôle du train dans la transition énergétique ? Vous croyez qu'il aura sa place ?

Suite au prochain épisode... après les élections législatives ?

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Commentaires
O
MODERATION 27.05.2017<br /> <br /> On va peut-être en rester là, et attendre les premières actions pour commenter sur pièces...
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B
On peut malheureusement parler de "continuité" en termes de désengagement du ferroviaire de la part de l'État, quel que soit le gouvernement...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui peut par contre changer cette fois-ci (enfin espérons que ce soit le cas...), c'est qu'il n'y aura plus trop de projets farfelus à visée électoraliste (promesses d'une liaison TGV vers Limoges, POCL...) et que les moyens seront déployés dans les vraies priorités (rénovation du réseau, amélioration de l'offre Intercités...).<br /> <br /> <br /> <br /> Les moyens ne manquent pas en soi, la preuve est que l'État a été prêt à dépenser 500M€ pour acheter 15 rames TGV pour sauver une usine, alors même qu'on a un sureffectif à gérer qui précipite des rames avec un certain potentiel (TGV Réseau entre autres) vers les casses de Culoz...<br /> <br /> <br /> <br /> En ce qui concerne les projets de LGV, il faudrait vraiment se concentrer sur les chantiers déjà entamés (prolongement de R-R jusqu'à Mulhouse voire LGV Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Narbonne) tout en essayant de réduire les coûts (pas de recours aux PPP ou aux concessions, intéressants sur le papier, mais ruineux sur le long terme). Étant donné l'absence d'urgence pour ces projets, une échéance à 2030-2035 pourrait se défendre.<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, l'ouverture du nouveau président à la mise en concurrence des liaisons TER voire à des appels d'offres pour les liaisons Intercités pourrait servir d'électrochoc à la SNCF dont les coûts grimpent bien plus rapidement que l'inflation. Ce n'est qu'une fois au pied du mur qu'on réagit !
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B
Warum kein ABS in Frankreich ? Mein Gott...
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K
La remarque du Macron concernant la LGV à Toulouse : je suis tout à fait d'accord, la LGV à Bordeaux (et des autres) donne déjà une grande problème de refinancement. Ce n'est pas seulement moi, qui dit ça : rappelons-nous la position du Cour des comptes<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.ccomptes.fr/Actualites/Archives/La-grande-vitesse-ferroviaire-un-modele-porte-au-dela-de-sa-pertinence<br /> <br /> <br /> <br /> ou le Directeur financier de la SNCF, M. Emmerich<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/20150215trib889e1d2b2/avec-les-peages-des-4-nouvelles-lgv-le-tgv-est-dans-l-impasse.html<br /> <br /> <br /> <br /> Même notre amie @ortoferroviaire appelait les conditions de refinancement "brumeuses"<br /> <br /> <br /> <br /> Donc une prolongation de la LGV vers Toulouse sera la prochaine catastrophe financière pour la SNCF.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y’a des choses beaucoup plus importantes que les LGV. Donc, en conséquence beaucoup plus inquiètent, que je n’ai jamais entendue Macron (ou les membres du gouvernement) dire quelque chose concernant la stimulation du transport des marchandises ou du rétablissement du « réseau classique », deux points absolument urgents, excepte le Premier-Ministre, qui disait comme maire du Havre, que l’état des chemins de fer françaises freinent le développement du port de sa ville ou même de toutes les ports en France.
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T
A ce stade on ne peut qu'espérer que cette équipe sera plus favorable au ferroviaire que l'ancienne et non pas encore pire....
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S
La prise en compte du développement ferroviaire, et de l'abandon des politiques de désertification ferroviaire, sera un indicateur du sérieux de la politique de transition énergétique. <br /> <br /> Ou bien Mr Hulot fera joujou de totems médiatiques (NDDL, le nucléaire), ou bien il s'attaquera aux vrais sujets de la transitions (le ferroviaire, sortir du diesel puis des énergies fossiles dans tous les secteurs, économies d'énergies, transports public, développement des renouvelables, fin des perturbateurs endocriniens, l'agriculture, les circuits courts, le fret....)
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T
Notre Dame les Landes sera effectivement un premier exemple pour savoir si ce qui importe est le modèle productiviste de consommation à court terme....<br /> <br /> <br /> <br /> Mais quand on connait le passif du nouveau président, on peut être inquiet....<br /> <br /> <br /> <br /> Et Nicolas Hulot reste un produit "com", pas sur d'ailleurs qu'il tienne très longtemps surtout lorsqu'on connait les expériences précédentes très éphémères d'ouverture des gouvernements à la société civile
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A
@jjsocrate On en arrive à regretter l'époque où il suffisait de refaire marcher un coup la planche à billet. D'ailleurs même avec cette methode le coût de la vie n'a jamais autant explosé que depuis que l'on est passé à l'Euro "fixé".
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G
On peut quand même espérer une avancée significative pour le développement du ferroviaire avec la nomination de Nicolas Hulot comme ministre d'Etat de la Transition Energétique, avec sa volonté de mettre un terme au projet absurde de l'aéroport de ND des Landes, également avec la création d'un poste de ministre des Transports ( au lieu d'un secrétariat d'Etat) ,confié à l'ancienne directrice de la RATP .<br /> <br /> Bien sûr il reste le problème de la dette colossale de l'opérateur ferroviaire, comment sera-t-elle enfin épongée dans ce contexte d'économies drastiques?
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O
Il va surtout falloir aligner les positions car jusqu'à présent, ni le Président ni le Premier Ministre n'ont montré une réelle appétence pour l'écologie. De prime abord, c'est un peu le mariage de la carpe et du lapin. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais si la stratégie du compromis n'est pas qu'un mot mais aussi une réalité, alors il peut y avoir un petit espoir. C'est l'avantage des "nouveaux", il y a toujours une période avec un a priori favorable.<br /> <br /> <br /> <br /> Notre Dame des Landes sera probablement le premier test.
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T
La question des transports publics a été totalement absente des débats et des programmes et le contrat de performance adopté fait l'impasse sur 40% du réseau, excusez du peu....<br /> <br /> <br /> <br /> On peut donc craindre que la question du transport ferroviaire avec sa rigidité, ses coûts n'apparaisse aux yeux de nombres de ces ministres et du président comme le sujet du siècle passé alors que l'heure serait à la souplesse, l'ubérisation de la société...<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour peu qu'on nous démontre que l'autocar est moins polluant le train (on peut compter sur les dirigeants de la SNCF pour cela....), la boucle sera bouclée et la France transformée en désert ferroviaire.<br /> <br /> <br /> <br /> J'espère néanmoins encore me tromper et espère que la classe politique va se ressaisir sur le sujet en faisant les réformes et en apportant une vision et de l'investissement....
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I
Beaucoup de questions, certes, mais quel appel d'air !
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