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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
17 mars 2017

Spécial Présidentielle 2017

La campagne présidentielle de 2017 est vraiment hors normes et relègue à l’arrière-plan les débats de fond au profit de la chronique judiciaire et autres règlements de comptes au sein des principales formations politiques. N’entrons pas dans ce débat, ce n’est pas notre propos. Cherchons donc plutôt ce que les différents candidats à la fonction suprême disent à propos des transports : un sujet mineur dans les programmes, loin derrière l’économie, la sécurité, la santé, l’éducation et le fonctionnement des institutions. Ce n’est pas une surprise, mais en dépit d’une préoccupation environnementale grandissante parmi la population, la thématique ne perce pas.

Il se dégage des propositions des différents candidats quelques grands axes, avec des points de vue tantôt convergents, tantôt très divergents. Il faut en préalable noter que, sur la base des informations disponibles sur leur site Internet, MM. Mélenchon, Macron et Fillon font preuve d’un niveau de précision de leurs intentions supérieur à celui de leurs compétiteurs, ce qui ne présage en rien d’une crédibilité supérieure, mais au moins d’une volonté de clarifier pour le plus grand nombre leur propos.

La plupart des candidats privilégient le renouvellement du réseau existant au développement de lignes nouvelles, essentiellement compte tenu de la faible disponibilité des budgets. Aucun n’évoque la mise en œuvre d’une fiscalité écologique type écotaxe : tout au plus, et à l’exception de M. Fillon, un alignement de la fiscalité entre essence et gasoil. Le fret ferroviaire est promu par la totalité des candidats mais au-delà de l’incantation, pas d’orientation sur les modalités de rééquilibrage modal.

Plus rare est la corrélation entre transports et valorisation des territoires : ce point apparaît dans le programme de M. Fillon, évoquant la nécessité d’améliorer la desserte des zones rurales (sans préciser toutefois les modalités), et de Mme Le Pen, annonçant la garantie d’égalité d’accès aux services publics, dont les transports pour les territoires ruraux (même remarque).

Parmi les points de clivage, l’ouverture à la concurrence constitue une ligne de fracture nette entre les opposants (Mme Le Pen, MM. Poutou, Mélenchon et Hamon) et les partisans (M. Fillon). On notera que M. Macron ne s’exprime pas sur ce point. Autre point de division, la renationalisation des sociétés d’autoroute est soutenue à la fois par Mme Le Pen, MM. Poutou et Mélenchon. Ce dernier souhaite aussi remettre en cause la libéralisation du transport routier par autocars (loi Macron) afin de supprimer la concurrence exercée sur le réseau ferroviaire.

Et puis il y a les cas particuliers. On aura ainsi remarqué que Mme Artaud ne présente qu’un constat sur le fonctionnement des transports, mais sans proposition concrète si ce n’est une mobilisation des travailleurs. A l’autre bout de l’échiquier politique, Mme Le Pen propose d’étatiser le transport ferroviaire puisqu’elle supprime les Régions.

Et il y a le cas de M. Macron, dont les orientations en matière de transports demeurent confuses. Il parle des nouvelles mobilités fondées sur la révolution numérique (Uber et le covoiturage ?), sur la dissociation entre mobilité et possession d’une automobile, la promotion de l’autopartage et du covoiturage. Il promeut un plan de modernisation des réseaux… sans plus de précisions.

A noter que nous n’avons pas trouvé de volet transports sur les sites Internet de deux autres candidats ayant obtenu à ce jour leurs 500 parrainages, à savoir MM. Asselineau et Cheminade.

En conclusion, si on ne demande pas à l’élection présidentielle de se faire sur un schéma national des transports, du moins les différents programmes ne brillent ni par leur nouveauté de leur contenu ni par la précision des intentions…

Post-Scriptum : nos excuses au CSA si nous n'avons pas respecté une stricte équité du linéaire de texte attribué à chaque candidat...

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Commentaires
A
Je pense que l'introduction de cet article pourrait très bien être la conclusion du résumé de la gestion des transports : depuis des années les différents gouvernement ont voulu se défausser de la gestion nationale des reseaux de transports, soit en refilant les lignes/routes aux regions (fin des nationales et des intercites par exemple) soit en privatisant (tgv, autoroutes).<br /> <br /> Pas surprenant que les élections présidentielles soient si vides de contenu sur le sujet: c'est pour (quasi) tous devenu un sujet regional/local.
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T
mon dieu...soit les candidats ne disent rien, soit ils racontent n'importe quoi...
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V
Je connais assez bien le programme d'Asselineau, vu que je suis le parcours de ce monsieur depuis 6 ans environ, donc je pense pouvoir être en mesure de rapporter certains éléments pertinents pour cette discussion:<br /> <br /> <br /> <br /> - renationalisation des grands services publics et interdiction de leur privatisation inscrite dans la Constitution (la SNCF est expressément couverte)<br /> <br /> <br /> <br /> - défense de la langue française dans les services publics (contre l'Anglais et les langues régionales)<br /> <br /> <br /> <br /> - reconversion des Régions (avec retour aux 22 entités antérieures) en Etablissement Publics, comme de fût le cas de 1972 à 1982<br /> <br /> <br /> <br /> - plan de transfert du transport fret de la route vers le rail<br /> <br /> <br /> <br /> - plan de développement des trains à "moyenne vitesse".
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P
Il faut reconnaître que la privatisation des autoroutes a été une erreur puisque l'État a vendu une poule aux œufs d'or. Aujourd'hui, Vinci s'engraisse et pratique des tarifs exorbitants. La renationalisation des autoroutes permettra des rentrées d'argents considérables dans les caisses de l'Etat qui permettront de financer l'amélioration du système ferroviaire national.<br /> <br /> En ce qui concerne l'écotaxe, sa mise en place ne doit se faire qu'une fois l'allègement fiscal sur les PME qui croulent sous les taxes. Le mouvement des bonnets rouges était légitime dans la mesure où on rajoutait une taxe sur des entreprises déjà en difficulté. L'écotaxe, c'était la taxe de trop.
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K
En principe les candidats se ne occupent pas d'un thème, qui n'est pas vraiment dans le public en France mais n'intéresse qu'une petite minorité seulement.<br /> <br /> <br /> <br /> Dit autrement : Les chemins de fer s'éloignent des habitants du pays et - quelle surprise - ils se n'intéressent plus. Donc, l'ignorance des candidats est simplement la réaction à la non-importance des chemins de fer.<br /> <br /> <br /> <br /> "La plupart des candidats privilégient le renouvellement du réseau existant au développement de lignes nouvelles, essentiellement compte tenu de la faible disponibilité des budgets."<br /> <br /> <br /> <br /> C'est plutôt, que le renouvellement des CF existantes est en danger à cause de la faible disponibilité des budgets.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous savons tous ici, que les derniers années on fermait plusieurs millièmes des km des CF à cause de l'état des voies. Et nous savons, que pas mal des lignes sont toujours en danger d'être fermés ou simplement dans un état horrible. Donc, cette priorité est absolument logique et nécessaire avant construire des autres lignes pas trop utiles, comme les nouveaux LGV pour 70 trains/jour.
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T
Bonjour, je me permets de vous joindre un lien assez intéressant:<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.mobilettre.com/presidentielle2017-le-grand-debat-transport/<br /> <br /> <br /> <br /> On en saura plus à l'issu de ce débat, d'autant plus que, d'après l'excellent site "actu transport logistique", certains partis dévoileront à cette soirée leur projet.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien Cordialement,<br /> <br /> Le Taureau
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B
Le transport ferroviaire n'est pas nécessairement un sujet de clivage entre les partis, mais plutôt entre les personnes en charge de ce secteur. On le voit dans les régions : la région AURA préfère la route au rail alors que Hauts-de-France continue son engagement en faveur du rail, alors que ces 2 régions sont dirigées par des personnes provenant du même parti !
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T
Je ne commenterai que le programme de M Mélenchon, étant le seul que j'ai lu plus en détail (les "livrets" aménagement du territoire et transports + le programme "général").<br /> <br /> <br /> <br /> On note bien entendu son opposition totale à la mise en concurrence des services ferroviaires (pourtant la mise en place d'exploitants alternatifs appartenant aux collectivités locales ne serait pas contraire à ses opinions politiques...), mais aussi le souhait de réintroduire le plus possible le rail, même en zone rurale, le développement du rail et une meilleure coordination des services nationaux et régionaux (plus de cadencement ?).<br /> <br /> Il y a également le souhait d'améliorer l'intermodalité pour pouvoir accéder à la gare à pied ou à vélo, et l'organisation de services d'autocars fréquents pour relier tout le territoire "restant". <br /> <br /> Une mention tout de même dans le livret "Outre-mer" : le souhait d'aider au financement du rail dans ces territoires (référence au projet avorté de tram-train en Martinique ?).<br /> <br /> <br /> <br /> Côte Fret peu de détails sauf le souhait que tous les camions ralliant l'Espagne à la Belgique passe sur le train...donc une reprise du modèle suisse ?<br /> <br /> Enfin le wagon isolé serait un "service d'intérêt général", donc on suppose qu'un gouvernement Mélenchon subventionnerait les pertes éventuelles de Fret SNCF sur ce segment de marché...<br /> <br /> <br /> <br /> À quand un article de transporturbain sur les politiques de mobilité et d'urbanisme ? ;)
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C
Effectivement le transport n'est pas consciemment une préoccupation première des français, et pourtant il semble y avoir un lien de causalité entre le vote d'extrême droite et... la distance à la gare la plus proche http://www.europe1.fr/politique/habiter-loin-dune-gare-peut-inciter-a-voter-fn-selon-une-etude-2920412<br /> <br /> Continuons de démanteler le réseau et on verra bien...
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T
Quelques remarques:<br /> <br /> Le transport, c'est 20% du budget des ménages, souvent entre 1H et 2H chaque jour, les accidents, la pollution de l'air, le bruit mais le sujet est absent des débats....<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai parfois l'impression que vu de Paris, toute la France est rurale....mais quand on parle de relier des agglomérations de 200000 habitants, ou desservir des bassins de 50000 habitants, ou des zones touristiques, ce n'est plus de la ruralité!!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Bref on va avoir le droit comme d'habitude aux positions caricaturales....d'un coté l'opposition systématique à la concurrence pour mieux remettre le couvercle sur un système non vertueux, et de l'autre coté une libéralisation non contrôlée sans objectif d'aménagement du territoire et d'interopérabilité entre les futurs exploitants...<br /> <br /> <br /> <br /> Et pendant ce temps, le statu quo continue ses dégâts en terme d'aménagement du territoire et d'emploi cheminot et industriel
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