Pau - Canfranc : un financement européen ?
Peut-être une nouvelle étape dans le dossier ô combien symbolique de la réouverture complète de l'itinéraire Pau - Canfranc. Si la France a déjà fait un premier pas, avec la réouverture de la section Oloron - Bedous l'été dernier (entièrement financée par la Région Aquitaine, cette ligne enregistre des pics de trafic à 200 voyageurs par jour pour 5 allers-retours), l'Espagne avait déjà avancé de son côté avec l'installation d'un troisième rail à écartement européen pour la liaison entre Saragosse et Huesca.
La Région Aquitaine, accompagnée de la Province d'Aragon, a présenté devant la Commission Européenne le dossier de réouverture de la section Bedous - Canfranc. Un projet évalué à plus de 350 M€ qui peut quand même poser question et pour lequel la SNCF ne cache pas ses réserves en demandant à la Région de gérer seule le financement de l'investissement et de la maintenance de l'infrastructure.
Bedous - Canfranc est la ligne à voie unique comprenant les plus fortes rampes en France, avec un pic à 43 pour mille sur pas moins de 7700 m cumulés sur un parcours de 33 km qui rattrape une différence d'altitude de 790 m. Le reste du parcours ne propose pas de rampes inférieure à 30 pour mille. La ligne comprend également 16 tunnels dont l'ouvrage du Somport de plus de 7,7 km.
Le projet prévoit une exploitation en traction thermique. Autant de conditions a priori très défavorables au fret ferroviaire international (pour des caractéristiques moins difficiles, d'autres soutiennent la réalisation du tunnel de base du Lyon - Turin à 8 MM€ hors accès encadrants), d'autant qu'il est question d'un marché céréaliers entre les silos des Landes et du Béarn d'une part et des sites agro-industriels espagnols. Bref des trains plutôt lourds sur le plus difficile des itinéraires français. Il fallait oser. Ceci dit, l'itinéraire pourrait être utilisé pour le rapatriement de wagons une fois déchargés, avec des tonnages plus faibles et surtout une utilisation de Pau - Canfranc dans le sens de la descente, mobilisant nettement moins la traction Diesel. Les trains "chargés" auraient eux plutôt tendance à transiter par des itinéraires électriques.
Le tunnel du Somport et ses entrées monomentales, ici côté français. Pas moins de 7 années de construction pour cet ouvrage de 7784 m. La voie ferrée a disparu, l'ouvrage servant de secours au tunnel routier. Il accueille aussi depuis 1986 le laboratoire de physique nucléaire et des hautes énergies de l'université de Saragosse. (cliché X)
Autre question qui mérite d'être posée : à Pau, la ligne de Canfranc est embranchée côté Toulouse. Pour la desserte du bassin landais, un rebroussement serait donc nécessaire, pénalisant la performance des sillons fret. De même un peu plus loin à Tarbes, l'utilisation de l'itinéraire fret Mont de Marsan - Tarbes supposerait aussi de gérer un rebroussement, puisque cette ligne s'embranche aussi en direction de Toulouse.
En complément, la Région Aquitaine milite en faveur d'une desserte voyageurs jusqu'à Canfranc afin d'assurer la jonction avec les dessertes régionales exploitées actuellement par la RENFE au départ de la gare au bâtiment aussi grandiose que fantômatique de Canfranc.