Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
22 décembre 2016

Etat - SNCF Réseau : le contrat de performance... enfin !

Il était annoncé dans la loi portant réforme ferroviaire votée en 2014 et on pouvait avoir l'impression que l'Etat n'était pas pressé de le mettre en oeuvre. Finalement, il est arrivé.

A priori, un signal favorable : ce contrat donne une vision sur 10 ans des investissements ferroviaires et devrait donc normalement rompre avec l'habitude des négociations à couteaux tirés chaque année avec le ministère des finances. Il faudra donc être prudent car ce qu'un gouvernement fait, un autre peut le défaire... encore qu'il y ait un certain consensus gauche-droite sur ce sujet. Cependant, le contrat de performance sera révisé dans 3 ans, ce qui rend sa trajectoire encore incertaine.

En commençant à entrer dans les détails, le contrat prévoit 27,9 MM€ pour le renouvellement et la modernisation du réseau structurant, c'est à dire un peu plus de 13 000 km de lignes, classées UIC 2 à 6. En 2017, SNCF Réseau disposera d'une enveloppe de 2,6 MM€ qui sera augmentée pour atteindre 3 MM€ en 2020. Une hausse modeste, d'autant plus qu'elle risque d'être grignotée par l'inflation ferroviaire. Dans cette enveloppe, un budget spécifique devrait être consacré aux seules LGV.

Du côté des lignes secondaires, le budget consacré aux "projets régionaux de développement" va passer de 600 M€ en 2016 à 900 M€ en 2017 et 1 MM€ en 2018. On restera cependant très prudent car cette enveloppe devra aussi financer les projets d'aménagement des principaux noeuds ferroviaires. Au total, 12 MM€ d'investissements sur 10 ans, majoritairement au travers du CPER 2015-2020 et qui anticipe déjà un peu le CPER suivant...

Paradoxalement, compte tenu du niveau d'investissement relativement modeste, en maintenance et en renouvellement, sur le réseau secondaire, c'est surtout sur le réseau principal qu'il faudra consentir à des efforts sur l'efficacité des investissements pour maximiser la productivité de chaque euro mis à disposition par l'Etat. Sur le réseau secondaire, il est absolument essentiel de mettre en oeuvre un pilotage des investissements par l'horaire pour ne plus se contenter d'un renouvellement "intellectuellement passif" c'est à dire sans optimisation des performances à moindre coût (voir notre récent exemple sur Bréauté - Fécamp, ou sur d'autres lignes telles que Bayonne - Saint Jean Pied de Port et notre dossier Combiner renouvellement du réseau et performances).

Dans les deux cas, la sécurité est érigée en priorité car le réseau français reste fortement secoué par les différents accidents survenus depuis 2013. Reste à voir dans quelle mesure elle passera du leitmotiv à une réalité physique : le récent reportage de France 2 dans l'émission Envoyé Spécial, avec toutes les limites d'un sujet "grand public", a allumé encore quelques témoins d'alarme au sein de SNCF Réseau, et alors même que la position du groupe SNCF a été fragilisée dans l'affaire Brétigny...

Troisième sujet, la mise en conformité du réseau avec notamment la mise en accessibilité des gares - du moins pour les quais et franchissements de voies tant que les espaces commerciaux ne seront pas transférés de Mobilités à Reseau - sera dotée à hauteur de 4,5 MM€. Enfin, l'Etat accorde 1,8 MM€ pour la modernisation des équipements, l'acquisition d'engins modernes industrialisant le renouvellement du réseau, mais aussi la numérisation de la gestion du réseau.

L'Etat demande en contrepartie une productivité accrue à SNCF Réseau, notamment aux métiers de la maintenance et de l'ingénierie : pour l'instant, l'Etat demande 500 M€ sur 3 ans, mais l'objectif en 2027 est un effort à hauteur de 1,2 MM€ par an, compte tenu des investissements de modernisation des composants du réseau et des outils industriels.

Il est aussi question de revoir l'amplitude des plages travaux et de les concentrer non plus sur 4 ou 6 heures, mais sur 8 heures, en particulier la nuit, ce qui va mécaniquement poser problème pour les trains de soirée et évidemment pour les trains de nuit, sans compter le fret qui, pour ce qui reste en France, circule pour bonne partie la nuit. Autant dire que les tensions entre les clients du fret et SNCF Réseau ne sont pas éteintes. En outre, il est aussi prévu d'utiliser au maximum les week-ends, quitte à se détourner de la clientèle touristique, sachant que 60% des déplacements en France ne sont pas liés à des liaisons domicile-travail / études...

Bref, maintenant que le contrat est signé, il faudra voir ce qui en sera réellement fait... et veiller à ce qu'il résiste aux fluctuations de la vie politique française. A minima, à défaut d'imaginer une révision "à la hausse" dans 3 ans, si au moins on pouvait éviter une régression...

Nous reviendrons en début d'année prochaine sur ce contrat de performance...

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Au 19ème siècle , le député Emile de Girardin disait "gouverner c'est prévoir !"<br /> <br /> <br /> <br /> Ces dernières décennies, faute d'avoir su anticiper l'inévitable vieillissement des infrastructures ferroviaires , nos élus politiques mais également dirigeants de cette vieille SNCF désormais appelée Groupe Public Ferroviaire ( GPF) en sont réduits aujourd'hui à traiter ce mal prévisible à grands coups de Milliards mais également en perturbant inévitablement les trafics ! QUID néanmoins de la "gestion" de la dette ( 44 Milliards d'euros au 30 juin dernier pour SNCF Réseau...)<br /> <br /> Mais ce contrat de performance était-il possible autrement ?<br /> <br /> Dix années de travaux intenses vont se poursuivre , permettant ainsi d'inverser une pente devenue dangereuse pour le rail Français.<br /> <br /> Nos voisins Allemands bénéficient d'un réseau ferroviaire 2 fois moins âgé que le nôtre ( 16 ans outre Rhin contre 33 en France !)<br /> <br /> Le prix à payer sera lourd à plus d'un titre au risque de dégrader un peu plus les comptes , car moins de trains (en élargissant les plages de travaux de nuit à 8 heures) va signifier un peu moins de péages pour SNCF Réseau !<br /> <br /> La seule solution consiste à trouver des financements autres que ceux du ferroviaire comme les Suisses ont fait : percevoir une redevance d'utilisation par les camions en transit.<br /> <br /> L'ouverture commerciale du tunnel du St Gothard révèle aux autres pays Européens ce le plan de financement qui repose aux 2/3 sur la perception d'un e redevance sur le trafic camions de transit .<br /> <br /> Bref et comme l'a rappelé dernièrement le conseil d'Etat , il faut activer l'ECOTAXE car celle-ci n'a pas été abrogée !<br /> <br /> Ce sera bon pour les relocalisations ( nos emplois !), bon pour amorcer le report modal route/rail , bon pour notre santé ( moins de particules !) ,bon pour le climat (plus besoin de COP 21 !) , etc.<br /> <br /> Allez , on écoute nos candidats politiques sur le sujet ?
Répondre
I
Quelques questions et remarques en vrac :<br /> <br /> <br /> <br /> - Quid de l’Île-de-France, y-a-t-il des des dispositions ou des enveloppes financières particulières ?<br /> <br /> - J'ai déjà entendu ce chiffre de 500 M€ d'économies ces dernières années, elles ne se sont jamais concrétisées; y-a-t-il des contreparties, et des pénalités, prévues pour la SNCF si ces objectifs ne sont pas atteints ?<br /> <br /> - Quelles mesures pour maîtriser l'inflation ferroviaire (autour de 3 points en plus de l'inflation générale, quand même...) ?<br /> <br /> - On comprend que l'industrialisation de la maintenance doit être améliorée, quid des organisations et des référentiels de maintenance, à adapter à chaque typologie de lignes ? Parle-t-on du développement de la maintenance prédictive et des objets connectés pour améliorer en temps réel, et à coûts réduits, la connaissance de l'état de l'infrastructure ?<br /> <br /> - Est-il mentionné explicitement un recours à la sous-traitance pour la maîtrise d’œuvre des études et travaux, pour parer au manque de ressources en interne, voire carrément une généralisation des opérations de conception-réalisation, comme l'électrification de la ligne 4 ?<br /> <br /> - Est-il mentionné une préférence pour la massification des travaux via des fermetures de lignes pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, y compris en région parisienne ?<br /> <br /> - Concernant les lignes UIC 7 à 9, est-ce qu'un moratoire national est envisageable, charge à chaque région de définir d'entente avec l’État et SNCF Réseau, et dans un court délai (2 ans maximum, par exemple) l'avenir qu'elle souhaite pour ces lignes TER desservant finement son territoire ?<br /> <br /> - En termes de gouvernance, qui pilote et contrôle l'avancement de ce contrat de performance, qui arbitre les priorités ? De quelle manière les Régions et le STIF sont-ils associés au processus ?<br /> <br /> <br /> <br /> Beaucoup de questions en suspens, compte tenu de l'ambition portée par ce contrat... Si ça trouve on n'aura pas vécu un quinquennat pour rien, mais il s'en sera fallu de peu !
Répondre
A
Le hic en maintenance c'est le sous effectif, tout le monde se plaint des avantages de la sncf, mais plus personne n'y postule. Et quand bien même, combien sont sélectionnés, et sur ceux-ci, combien arrivent à passer les épreuves, et sur ceux-ci combien encaissent la formation jusqu'au bout...<br /> <br /> Augmenter les plages travaux nocturnes et le WE c'est bien (si ca peut éviter des RVB ratés à répétition), mais encore faut il avoir du monde pour les remplir.
Répondre
Publicité