La Région PACA ne rate pas une occasion de déplorer la médiocrité du service ferroviaire régional : 271 M€ ont été dépensés l'année dernière pour la réalisation du service TER. Pourtant, en dépit des nombreuses déclarations de son président, la SNCF n'arrive pas à redresser la situation de la production : entre 20 et 25% de trains supprimés et des coûts supérieurs de 15% aux autres Régions... alors que, selon la Région, seulement 2% de la population régionale utilise chaque jours les TER.
Nice Ville - 29 mai 2016 - En dépit des acquisitions de TER2N (dans leurs deux versions) et de Régio2N, la Région PACA est toujours en pénurie de matériel tant et si bien que les RIO ont dû être modernisées. Seule la cabine de conduite est climatisée : pour les voyageurs, ambiance sauna garantie pour cette rame assurant le retour de spectateurs du Grand Prix de Formule 1 de Monaco. Belle image du rail... © transportrail
Nice Ville - 29 mai 2016 - Même la Principauté de Monaco a investi en faveur du transport ferroviaire régional en finançant 5 rames TER2Nng portant une livrée spécifique. L'état du matériel trahit à la fois la fréquentation intense, le manque de respect du bien public et les carences d'entretien du matériel... © transportrail
Conséquence, tel un coup de menton à la SNCF, la Région PACA lance une étude "pour le développement de solutions alternatives au train" et souhaite notamment examiner les opportunités liées à la récupération effective des offres routières gérées jusqu'à présent par les Départements.
Il est assez peu probable que cette étude aboutisse à une solution universelle. Le mode ferroviaire conserve - en principe - des atouts du fait de la capacité d'emport. Difficile de parler en revanche de régularité et d'indépendance aux aléas de circulation compte tenu du quotidien. Néanmoins, entre les moyens routiers régionaux des Liaisons Express Regionales et ceux des Départements, il y a possibilité de fortement bousculer le domaine d'action du transport ferroviaire, avec trois leviers principaux :
- la contraction du réseau (suppressions de lignes reprises par des autocars) ;
- la mise en concurrence de la SNCF par appel d'offres en délégation de service public, et en examinant les possibilités transfrontalières ;
- la récupération de lignes exploitées par la Régie Régionale des Transports, qui opère déjà sur Nice - Digne.
L'existence d'une offre importante d'autocars constitue déjà une forte concurrence au chemin de fer. Entre Marseille et Aix en Provence, Cartreize, le réseau des Bouches du Rhône, propose déjà 4 lignes totalisant à l'heure de pointe une trentaine de départs par heure.
- 49 Marseille Euroméditerranée - Aix en Provence Jas de Bouffan
- 50 Marseille Saint Charles - Aix en Provence par la nationale
- 50 direct : Marseille Saint Charles - Aix en Provence par l'autoroute
- 53 : Marseille Saint Charles - ZI Les Milles
Autour de Nice, le réseau Lignes d'Azur propose notamment deux lignes à forte fréquence depuis Nice vers Menton (ligne 100) et Cannes (ligne 200), offrant une desserte de base au quart d'heure en pointe et à la demi-heure en journée, doublées de services accélérés par l'autoroute et de liaisons dédiées vers l'aéroport. Tant à Marseille qu'à Nice, l'autocar a la cote, du fait de la fréquence élevée des liaisons et du prix (1,50 € à Nice, entre 2,50 et 4,50 € autour de Marseille pour les tickets à l'unité).
Nice - Place Ile de Beauté - 29 mai 2016 - Le Département des Alpes Maritimes exploité la ligne 100 Nice - Menton avec des autobus articulés Citaro C2 : avec un tarif à l'unité de 1,50 € le voyage, cette offre s'avère particulièrement concurrentielle par rapport au train. © transportrail
Assurément, la renégociation de la convention TER s'annonce sous les meilleures auspices et au-delà du "coup de menton" politique, faire comprendre à la SNCF que personne n'est indispensable peut aussi être le moyen de placer l'opérateur historique face à ses responsabilités et de le contraindre au changement, ce qu'il n'a pas véritablement fait depuis que la Région est autorité organisatrice...