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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
3 juillet 2016

Mise à voie unique : une infâmie ?

Frappé d’une carence de ressources depuis plus de 30 ans liée à la fois à des arbitrages nationaux longtemps favorables à la route et privilégiant le TGV, le réseau ferroviaire souffre d’un déficit important en matière de renouvellement. L’audit de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en 2005 avait jeté un pavé dans la mare et des efforts avaient été consentis pour « rattraper le retard » mais parallèlement, d’importants moyens ont été engagés sur la construction simultanée de 4 lignes nouvelles.

Résultat, on ne compte plus les zones de ralentissements qui fleurissent sur l’ensemble du réseau, et pas seulement sur les lignes les moins circulées, les tristement célèbres UIC 7 à 9, et c’est bien la consistance du réseau qui est menacée, bien au-delà des « sans grades » du réseau : nombre de lignes classées UIC 5 et 6 sont également menacées de sévères ralentissements dans les 5 années à venir. On peut aussi constater la floraison de « LTV » sur des axes tels que Marseille – Nice ou encore Dax – Hendaye qui accumule à elle seule 8 zones de réductions de vitesse !

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Entre La Roche sur Yon et La Rochelle - 24 septembre 2015 -  Pour à peine 10 trains par jour deux sens cumulés, a-t-on besoin de deux voies ? Vus les moyens disponibles et les perspectives d'évolution du service, une seule voie sera renouvelée : le principe n'allait pas de soi pour les financeurs qui soutenaient un traitement des deux voies sans en avoir les moyens. Nantes - Bordeaux évitera donc le pire... © transportrail

Certes, l’Etat a annoncé 100 M€ supplémentaires par an jusqu’en 2020 pour le renouvellement, mais c’est une goutte d’eau par rapport aux besoins. En 2020, SNCF Réseau disposerait de 3 MM€ contre 2,65 MM€ en 2016. En comparaison, DB Netz, avec un réseau de 34000 km environ (soit 10% de plus que celui de la SNCF), dispose de 5,5 MM€ pour le seul poste du renouvellement !

Outre un manque de moyens (et une efficacité perfectible de l’euro dépensé), le réseau ferroviaire français souffre aussi… d’un manque de trains, et d’une forte disparité d’usage des lignes. Si Guillaume Pépy rappelle régulièrement que 90% du trafic est assuré en Ile de France sur 10% du réseau, à l’échelle nationale, la dissymétrie n’en reste pas moins élevée.

Pourtant, vestige d’une histoire plus glorieuse, nombre de lignes sont toujours à double voie alors qu’elles accueillent tout au plus une quarantaine de circulations par jour, deux sens cumulés. Dans ces conditions, a-t-on besoin de conserver la double voie ?

Les mises à voie unique ne sont pas perçues positivement car assimilées à une régression avant fermeture. Au contraire : la mise à voie unique bien pensée peut être le moyen – a minima – de sauver les meubles voire de constituer un nouveau départ.

Evidemment, ce n’est que sur la base d’une étude d’exploitation et d’une bonne définition du besoin capacitaire, partagé notamment avec l’Etat et la Région, que de tels scénarios peuvent être échafaudés. C’est ce qui s’est passé en mars 2016 sur Nantes – Bordeaux à propos de la rénovation de la section La Roche sur Yon – La Rochelle (10 trains par jour), avec pourtant des a priori négatifs sur la solution proposée par SNCF Réseau : ceux-ci ont été dissipés par une argumentation capacitaire démontrant qu’il était possible de doubler le nombre de circulations sur la ligne avec une seule voie et un seul point de croisement.

Dans son nouveau dossier, transportrail examine quelques cas de mises à voie unique sur le réseau, qu’il s’agisse d’opérations décidées, à étudier ou de quelques occasions manquées.

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Commentaires
B
Pour avoir souvent voyagé en Allemagne et en Autriche sur des lignes à voie unique, je peux témoigner d'excellents résultats. Les réticences constatées en France ne tiennent pas compte des améliorations apportées par des systèmes de gestion des circulations performants.
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A
Encore une fois, bien dommage de ne pas pouvoir commenter sous le dossier lui-même, j'ai du aller chercher ce post; <br /> <br /> <br /> <br /> Je voulais juste comm!enter la mise à voie unique prévue (Rail Passion évoque des travaux au printemps) sur La Rochelle - La Roche/Yon: tout à fait d'accord sur le principe, mais ne pourrait-on pas garder la double voie jusqu'au croisement avec la 2x2 voies N11 dans le secteur de Dompierre soit environ 8km? J'y verrais bien le terminus (P+R) d'un service périurbain à haute fréquence, par le prolongement des navettes Rochefort-La Rochelle...<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce dossier qui a le mérite de poser une question assez urticante!
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C
Concernant la mise à double voie de Montereau-Laroche. Cela banierait les fret aux heures de pointe en particulier les trains de combiné qui partent tous en pointe entre 16h30 et 19h30 et cela ferait fondre une vitesse commerciale qui n est déjà pas très élevé. Il faut rappeler qu'ils partent aussi tôt pour arriver au lever du jour en particulier pour les trains qui vont vers Marseille.
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S
Les arbitrages nationaux n'ont pas privilégié le TGV. Ils ont privilégié les grands axes rentables (et ça date de bien avant le TGV. Exemple avec le Capitole). Et il se trouve que sur de tel grands axes, la "solution" TGV était la plus pertinente.<br /> <br /> <br /> <br /> On trouverait aussi des solutions pertinentes sur des axes plus petit (exemple cet article) s'il y avait la volonté.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand on compare les investissements sur le réseau routier, les LN, et le réseau classique, il est avéré que la disproportion route/fer est patente... et il est difficilement décelable que les LN se soient taillées une part du lion au détriment du réseau existant : ce n'est pas seulement les moins de 10 milliards d'euros (actualisés) de subventions publiques au LN en 3-4 décennies, qui aurait suffi à stopper le déclin du réseau classique : c'est beaucoup + ! (surtout si l'Allemagne dépense ce montant en moins de 2 ans (et de façon efficace parait-il) pour le seul poste du renouvellement)<br /> <br /> Si le réseau classique français n'avait que 2 ans de retard, ça se saurait !
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J
Bonjour<br /> <br /> Pas loin de chez moi entre Laon et Hirson (02) il y a une voie unique avec un évitement unique à Marle sur Serre.<br /> <br /> Finalement ce système fonctionne très bien...cela a sans doute pu peut-être permettre d'éviter une fermeture définitive de la ligne ...<br /> <br /> Je la prenais il y a 10 ans pour aller bosser et je n'ai eu finalement que peu de soucis et assez peu de retards.<br /> <br /> Aujourd'hui je prends tous les jours le train sur la ligne Laon/Paris et c'est un vrai bazar...!
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J
La mise à voie unique n'est pas la panacée. Elle suppose un strict respect des horaires. Malheureusement ce n'est pas le cas sur beaucoup de lignes. La mise à voie unique partielle de Paris-Granville a vite tourné au cauchemar. Sur La Roche-La Rochelle, les mêmes causes entraineront les mêmes effets, les trains tributaires de correspondances aux deux extrémités étant fréquemment désheurés. Entre la théorie séduisante que développe votre article et la réalité du terrain, il existe une marge considérable.<br /> <br /> Cette divergence d'opinion ne m'empêche pas d'apprécier votre site, source d'information très utile.
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P
La question est abordée sur les aspects de performance et de capacité, mais pas tellement sur celui de la sécurité. Les voies uniques ne sont pas rassurantes, instinctivement, même avec très peu de fréquentation, on ne voudrait pas d'une autoroute à voie unique. Comment s'étonner que les décisionnaires politiques soient réticents, dans la mesure où ce c'est eux qu'on ira pointer du doigt s'il y a un accident de choc frontal "parce qu'on a supprimé une voie pour faire des économies". <br /> <br /> <br /> <br /> L'exemple de l'Allemagne est cité, mais c'est sur une voie unique qu'il y a eu un accident de choc frontal en février dernier.
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C
Dans ce contexte, la mise à double voie de Lusignan - Saint-Maixent-l'Ecole, entre Poitiers et Niort, se justifie-t-elle ?
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D
La mise à voie unique permet aussi parfois d'adoucir quelques courbes (cas de Veynes Briançon (autrefois en DV jusqu'à l'Argentière) ou de la ligne de l'Azergues. Le problème qui surgit est celui de la gestion des retards des trains, car les évitements dynamiques de quelques km sont a priori assez peu nombreux. a titre d'exemple la ligne de l'Azergues souffre actuellement du positionnement du seul évitement (Lamure) à 1/3 du parcours avec un canton de 60km qui ne rend pas l'exploitation très souple.C'en est au point qu'un second évitement est à l'étude. La ligne de Granville a dû permettre de tirer un certain nombre d'enseignements de ce point de vue.
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F
Article très intéressant sur une solution trop souvent regardée avec mépris. Pour le compléter, j'ajouterais que :<br /> <br /> - la mise à voie unique a déjà été pratiquée sur bon nombre de lignes dans la région Est, où la quasi totalité des lignes avaient reçu une seconde voie pour des raison militaires.<br /> <br /> - tant que les emprises ne sont pas sacrifiées, cette modification reste réversible<br /> <br /> - la mise à voie unique doit aussi être l'occasion pour revoir le système de cantonnement / gestion des circulations en s'orientant vers des systèmes automatisés de manière à gagner sur les coûts de maintenance et en fiabilité<br /> <br /> - l'augmentation du gabarit est effectivement un argument souvent oublié ; en réseau urbain, cela a été fait à Marseille, où le tunnel terminus du tramway à la station Noailles a été mis à voie unique en 2004 - 2007 pour pouvoir accueillir les rames actuelles (précisons que c'est grâce à ce tunnel, impraticable pour les autobus, que le tram 68 put être maintenu). Pour le fret, cela permettrait de "sauver" d'anciens itinéraires bis genre Paris - Bordeaux via Chartres, Paris - Bâle ou Paris - Reims via Fismes.
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