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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
2 juillet 2016

Notre Dame des Landes : et maintenant ?

La consultation publique organisée dimanche 26 juin a donné un résultat assez tranché en faveur de la poursuite du projet : 55% des suffrages exprimés ont été en faveur du nouvel aéroport, avec un taux de participation de 51%. L'opposition ne baisse pas la garde tandis que les partisans se trouvent confortés, avec en toile de fond un débat - sans fin - sur le périmètre de la consultation, limitée au seul Département de Loire-Atlantique.

Une affaire d'exportation de contraintes

Le gouvernement manifeste son intention de poursuivre le projet et de démarrer les travaux à l'automne. Cependant, les interrogations subsistent sur ce projet, notamment par rapport au devenir des aéroports locaux de Rennes, Saint Brieuc, Lannion, Lorient et Quimper, sans oublier le devenir de Nantes-Atlantique et le scénario probable consistant en la conservation du nombre d'aéroports sur la "Bretagne historique". On notera aussi que la moitié des utilisateurs de l'actuel aéroport nantais sont domiciliés en Loire-Atlantique ou y travaillent...

Bref, pour l'instant, Notre Dame des Landes, c'est un aéroport de plus et non pas une substitution, avec évidemment pour conséquence le débat - lui aussi sans fin - sur les choix d'aménagement du territoire, la politique de préservation des espaces naturels, face à la pression économique de la rente immobilière. "Normalement", le site de Nantes-Atlantique devrait devenir une Zone d'Aménagement Concerté : c'est assurément mieux qu'un aéroport, mais cela ne fait que déplacer le sujet de la préservation environnementale et du mitage périurbain. Reconnaissons toutefois en toute neutralité qu'il est "moins pire" de développer une ZAC aux franges immédiates de l'agglomération nantaise et avec de surcroît une ligne de chemin de fer existante modernisée, que d'envisager un essor non contrôlée du mitage périurbain sur la zone de Notre Dame des Landes sur un territoire moins bien équipé en infrastructures de transport.

Restent toute de même dans ce raisonnement différentiel les infrastructures nouvelles générées par le projet de nouvel aéroport. Si la ZAC sur Nantes-Atlantique n'est pas neutre, du moins peut-on vraisemblablement considérer que les besoins sont un peu plus limités. En revanche, pour le nouvel aéroport, les conséquences sont importantes : voies rapides d'accès, parkings, espaces logistiques, installations aéroportuaires... tout ceci consomme de l'espace.

Finalement, Notre Dame des Landes ne fait que traduire les hésitations et non-choix de l'Etat depuis un demi-siècle (le projet est apparu en 1963 sous l'égide d'un baron du gaullisme, Olivier Guichard)... mais aussi des propres turpitudes de la population et du corps électoral : plus on est loin d'un projet, plus on le regarde sous un angle bienveillant, ceux qui pourraient voir les nuisances reportées chez le voisin aussi...

Quels enjeux ferroviaires ?

Sur le plan ferroviaire, la question porte plus sur la complémentarité modale et les conditions d'accès plus que sur la concurrence potentielle entre les modes puisque le type de trafic des aéroports bretons se concentre majoritairement sur des liaisons longue distance pour laquelle l'offre ferroviaire est faible et de performance peu compétitive (exemple de Nantes vers Nice).

En revanche, les modalités d'accès au nouvel aéroport demeurent un sujet central pour le territoire, de sorte à éviter un site déconnecté, ce qui ne ferait qu'amplifier le trafic routier. En ce sens, la démarche LNOBPL engagée par SNCF Réseau pourrait se trouver conforter. Rappelons qu'elle s'appuie notamment sur une amélioration de l'axe Nantes - Rennes par une ligne nouvelle reliant les deux agglomérations en 50 minutes (1h15 au mieux aujourd'hui) passant par le site de l'aéroport, intégrant une liaison circulaire Nantes - Aéroport - Rennes - Laval - Angers - Nantes utilisant BPL et la virgule de Sablé.

carto-NDDL

Notons toutefois qu'il serait intéressant d'envisager des diamétralisations reportant le terminus des trains de Nantes à l'aéroport, ce qui d'un pur point de vue géographique serait possible pour les trains venant d'Angers (donc Le Mans et Tours), de Clisson (donc de Cholet, La Rochelle et Les Sables d'Olonne) ainsi que de Pornic et Saint Gilles Croix de Vie. Plus difficile, mais sur le papier tout aussi souhaitable serait une accessibilité ferroviaire depuis Le Croisic et Saint Nazaire. Il serait alors véritablement possible de considérer que l'aéroport est connecté à son territoire.

Néanmoins, avec BPL, les liaisons TGV vers Roissy vont être accélérées, tant depuis Rennes que Nantes. Si, comme déjà dit, l'avion restera pertinent sur des liaisons intérieures longues distances, la situation pourrait être différente sur les liaisons internationales en correspondance à Roissy : tout dépend du niveau des liaisons TGV Intersecteurs entre Nantes, Rennes et Roissy.

En outre, une antenne au tram-train Nantes - Châteaubriant figure au projet de desserte : réutilisant une emprise ferroviaire abandonnée de longue date à partir de La Chapelle sur Erdre, ce qui ne manque pas d'interroger sur l'équilibre avec la liaison ferroviaire via LNOBPL.

Enfin, l'hypothèse du transfert de l'aéroport nantais sur le site de Notre Dame des Landes et le projet d'aménagement du site de Nantes-Atlantique ne peut que donner du crédit à une réflexion sur la desserte ferroviaire du sud nantais pour éviter d'augmenter à terme la dépendance à l'automobile. Voir le dossier de transportrail sur les potentialités ferroviaires du sud nantais.

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Commentaires
V
Il faut être réaliste et admettre que le potentiel long-courrier de NDDL est du même ordre que celui de NTE, c a d faible.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour mémoire, l'offre long-courrier à NTE se limite à:<br /> <br /> <br /> <br /> - des vols saisonniers vers Montréal (Air Transat) et Punta Cana (XL Airways); et<br /> <br /> - une poignée de vols affrétés (1 à 3 par an) par la FRAM vers Dakar, le Cap Vert, Fort de France et La Havane..<br /> <br /> <br /> <br /> A part quelques vols supplémentaires vers la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion en période de pointe, le potentiel est proche de zéro.<br /> <br /> <br /> <br /> En Province, seuls les aéroports de Lyon, Nice, Marseille et dans une moindre mesure Toulouse peuvent espérer développer une activité long-courrier un tant soit peu importante.
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T
Avec ce gouvernement, tous les projets de transport les plus stupides sont relancés...NDDL, A45, LGV Potiers Limoges.....et pendant ce temps, le réseau ferroviaire régional meurt en silence....le développement du tramway est à l'arrêt, il n'y a aucun RER digne de ce nom à part sur Paris, les aéroports existants restent tous mal connectés au réseau régional....<br /> <br /> Mais c'est pas grave, l'essentiel est de continuer à bétonner le territoire et de faire comme avant avec quelques projets mirage....
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D
Une fois de plus nos "décideurs" franchouillards grandiloquents ferait bien de s'inspirer du pragmatisme à l'allemande. L’aéroport actuel de Nantes est déjà relié par fer à la ligne de Pornic, y amorcer des TER (vers Rennes ou Saint Nazaire) ne devrait pas coûter plus que quelques dizaines de M€ d'aménagement (à comparer au coût de l'aéroport tout neuf + les dessertes routières et ferroviaires à construire de toutes pièces). Parce qu'avec les besoin de renouvellement de de travaux d'infrastructures (ponts et tunnels) sur le réseau ferroviaires existant qui eux nécessitent des milliards, il y a de quoi occuper les entreprises de BTP pendant 10 ans sur toute la France et créer pas mal d'emplois. Pour ce qui est du long courrier, la solution TGV air est finalement pas si mal quand le trajet TGV ne dépasse pas 1h30, d’autant qu'on est quand même bien mieux assis dans un TGV que dans un avion.
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O
L'inertie interminable de l'éléphant blanc.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans 30 ans, des milliards d'euros d'argent public plus tard, des milliers de kilometres de nature recouverte de centres commerciaux vides, un aéroport excentré qui n'aura jamais atteint ses délirants objectifs de destination mondiale. <br /> <br /> <br /> <br /> Lyon Saint-Ex réussit à peine à décoller avec un bassin 10x plus gros. Surtout: un aéroport de centre-ville est _la_ ressource stratégique pour les villes intermédiaires européennes pour se connecter entre elles. La saturation est fictive et entretenue pour faire NDDL. La 1ere plateforme du monde, Heathrow, a 2 runways...<br /> <br /> <br /> <br /> Absolument effaré de voir que cette chose ne peut pas être arrêtée. Ce serait un projet financé uniquement par les autochtones, soit, mais pour tous les autres projets d'infra importants qui manquent en France, ce truc est une gifle.
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S
NDDL devrait effectivement alimenter la réflexion autour du projet ferroviaire LNOBPL (Liaisons Nouvelles Ouest Bretagne Pays de la Loire).<br /> <br /> Certains schémas de service sont séduisants, notamment la desserte à la 1/2h sur une liaison circulaire Nantes - Aéroport - Rennes - Laval - Angers - Nantes<br /> <br /> <br /> <br /> Mais il conviendrait de renforcer les diamétralisations autour de Nantes, notamment pour faciliter l'accès depuis le sud et l'est à NDDL. <br /> <br /> En terme de TGV, certaines liaisons gagneraient à être "poussés" jusqu'à l'aéroport (par exemple, celle vers Paris desservant Angers). <br /> <br /> Il y aurait aussi une opportunité à "boucler" entre Rennes et Nantes les liaisons intersecteurs qui ne sont pas en coupe accroche (il y aurait même un potentiel d'optimisation d'usage de la rame)<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant les autres trains, amorcer à Rennes les liaisons vers Bordeaux serait judicieux comme proposé dans le rapport TET (ou du moins avoir des liaisons de Rennes jusqu'à la façade Atlantique sur la portion électrifiée la Roche sur Yon les Sables d'Olonne). Et dans le sens est-ouest, les liaisons depuis Tours ou Orléans, jusqu'à Quimper (ou au moins Redon Vannes, d'où il serait possible de récupérer les TGV Paris Quimper)<br /> <br /> <br /> <br /> Il reste un angle mort des schémas de desserte : St Nazaire...
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P
Merci de soulever incidemment le problème principal de cet aéroport : son dimensionnement et la longueur des trajets d'approche (sauf p-ê pr Nantes) en font un aéroport plutôt destiné au long courrier, voire aux moyen-courriers connotés "loisirs". Clairement les liaisons "affaires" avec Toulouse/Lyon/Paris du matin et du soir ne sont pas son coeur de cible. Or, d'ici sa construction, on peut raisonnablement supposer que l'interconnexion Sud aura été mise en service (cf le volontarisme de Manuel Valls), ce qui mettra CDG à moins de 2h30 de Nantes ou Vannes et 2 heures depuis Rennes. De plus, si l'on compare cette configuration avec celle d'un autre aéroport français situé à la même distance-train de CDG (Lyon Saint Exupery), on se rend compte de l'extrême faiblesse de la desserte long-courrier de cet aéroport. Bref, parier sur un aéroport régional destiné au point-a-point long-courrier dans un pays où l'acteur dominant à choisi une stratégie de hub, que l'infrastructure ferroviaire actuelle renforce, est très audacieux.<br /> <br /> Ainsi, malgré les résultats de la consultation, pas sûr que l'aéroport se fasse et que la desserte TC aille au-delà du prospectif...
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J
Le projet de raccordement au tram-train a sans doute un horizon de réalisation potentiel plus proche que l'hypothétique LN Nantes-Rennes... mais c'est sûr qu'il se retrouverait peu utile si cette seconde ligne est mise en service.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand à la LGV BPL, les gains de temps depuis Nantes seront très faibles, et même nuls pour les TGV desservant Le Mans (cas général des intersecteurs et donc de la desserte vers Roissy).<br /> <br /> Et aller à Roissy en TGV pour prendre un avion pour Toulouse (ou un Eurostar pour l'angleterre) par exemple est vraiment peu pertinent.
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