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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
5 juin 2016

Belgique : un ministre des transports décapant

Ministre fédéral de la mobilité, François Bellot n'a pas la tâche facile puisque la Belgique connaît une longue grève des chemins de fer, mais tient un discours pour le moins décapant "comme on aimerait en voir plus souvent". La grève porte sur l'opposition au projet d'entreprise de la SNCB qui vise à réduire les coûts de production de 20% sur 5 ans pour s'adapter aux capacités de financement de l'Etat et des provinces. Interrogé par le quotidien économique belge L'Echo, il livre un point de vue sans concession (à retrouver ici) qui ne manquera pas de résonner en écho à la situation française. Morceaux choisis :

A propos des choix d'investissements :

"Je recommande à celles et à ceux qui ont en main la destinée des chemins de fer belges d’avoir une vision d’amélioration de l’efficacité, de l’offre et de centrer toute la réflexion sur le navetteur. J’ai bien indiqué aux patrons de la SNCB et d’Infrabel que tout investissement, toute action devaient viser la satisfaction d’un meilleur service à la clientèle et rien que ça. Ça veut dire que tous les investissements périphériques qui n’ont rien à voir avec le métier du chemin de fer et les usagers, mais qui sont des investissements de prestige, de grandeur et de beauté, doivent être mis de côté. On terminera évidemment les gares de Malines et de Mons parce qu’elles sont engagées, mais il est hors de question d’enclencher encore le moindre investissement de cette nature."

 A propos de la partition de la SNCB historique en 3 activités (SNCB, Infrabel, gestionnaire des gares) :

"Je ne jette pas la pierre aux organisations syndicales, ni au management et au politique. Je la jette à tous les trois. Le politique a scindé la société en trois pour les raisons qu’on connaît, les syndicats voulaient garder le statut unique. Il fallait séparer l’infrastructure de l’exploitant, la Belgique a voulu laver plus blanc que blanc, on a voulu anticiper sur la directive européenne et finalement, on constate que tous les pays qui ont séparé l’infrastructure et l’exploitant de manière forte ont, au cours du temps, versé dans le même travers. Au début, il y avait encore de la cohésion parce que c’était des gens qui se connaissaient. Mais avec le temps, les gens se sont séparés, ils ne se connaissent plus. Ils font leurs métiers avec des objectifs différents. Ce qui m’importe, c’est - un - que le politique ait une vision claire de ce que doit devenir le transport de voyageurs et fixer des objectifs clairs - deux - désigner les personnes qui seront porteuses de la gestion en incluant à la fois une bonne gouvernance et une modification de la culture et de la pyramide décisionnelle.

La pyramide décisionnelle est tellement touffue et dense qu’elle disperse les responsabilités. Il y a une énergie excessive mise à la coordination par rapport au but à atteindre. Il y a une déconnexion entre la réalité du terrain vécue par les commerciaux, les conducteurs et les accompagnateurs, et la tête. En Suisse, ils ont 5 couches dans leur lasagne, chez nous, il y a des endroits où il y en a 17 ! Il y a une dilution des responsabilités qui fait que les gens ne s’approprient plus la mission finale pour laquelle ils sont désignés. Aujourd’hui, on a l’impression qu’un certain nombre de postes et de travailleurs sont des girouettes à la SNCB qui s’orientent à gauche ou à droite en fonction du vent. Il faut impérativement améliorer la gouvernance et avoir des managers qui vont opérer avec suffisamment d’indépendance du pouvoir politique, mais il faut un dialogue social qui fonctionne. Il y a une nécessité de faire évoluer les mentalités et la culture à l’intérieur de l’entreprise."

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Commentaires
S
Excellente analyse de la situation du CF d'outre-Quiévrain, mais aussi vision terrifiante de réalisme de l'état du nôtre! En tous cas, voilà un ministre "séverement burné"(pour employer une locution triviale du siècle dernier)qu'on aimerait avoir ici à la place du pâlichon Vidalies qui survit contre vents contraires et marées du siècle avec la ferme intention(ou la mission...)de surtout ne rien faire! De grâce,chers amis Belges, prêtez nous-le, ne serait-ce que pour 6 mois!
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B
Il faut remettre les choses en contexte : la SNCB a connu récemment d'assez gros couacs :<br /> <br /> - une gare de Liège très coûteuse font le design a été fait par un grand architecte mondialement célèbre<br /> <br /> - les trains Fyra entre Bruxelles et Amsterdam qui n'auront jamais vraiment roulé<br /> <br /> - les LGV 3 et 4 qui n'ont pas vu de circulation de trains pendant plus d'un an après l'achèvement des travaux car l'ETCS 2 n'était pas prêt...<br /> <br /> - le RER bruxellois qui ne cesse de voir sa date de mise en service reportée<br /> <br /> <br /> <br /> Tout cela arrive dans un contexte budgétaire tendu; d'où un rappel à l'ordre du ministre...
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S
Ah mince, et moi qui croyait que l'herbe était toujours plus verte ailleurs. <br /> <br /> <br /> <br /> Solidarité avec les cheminots belges pour le développement du service public ferroviaire
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I
Lui il ne va pas rester ministre longtemps (ou alors il sait qu'il ne le sera plus prochainement).<br /> <br /> <br /> <br /> C'est un peu comme les cadres dirigeants de la SNCF qui emploient des termes aussi crus et aussi directs... une fois qu'ils partent à la retraite ! :p
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B
Il parle de la SNCF ou de la CPAM ?
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T
et il n'est pas ministre en France....
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M
Bravo pour ces propos
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