Transdev : le car... avant le train ?
Transdev présente Isilines, sa nouvelle filiale destinée aux liaisons intérieures libéralisées... dès que la loi Macron aura été adoptée et que ses décrêts auront été publiés : 17 lignes et 30 villes seront desservies dont voici la carte :
Evidemment, il saute aux yeux que les lignes proposées sont directement en concurrence avec les grands axes ferroviaires, y compris face au TGV, et sans aucune logique de complémentarité entre le car et le train puisque les autocaristes proposeront des services à leurs risques et périls. Effet garanti sur le taux de couverture des charges par les recettes sur les trains...
Isilines attend cependant de savoir si la franchise kilométrique sera de 100 km (comme le propose le gouvernement) ou de 250 km (suite à la tentative de coup de frein du Sénat). Cette carte met cependant en avant l'arrivée du car sur des axes où il aura tôt fait de détourner la clientèle du train qui subit des trains rares quand ils ne sont pas absents, lents et à la qualité de service médiocre. On notera tout particulièrement les lignes :
- H Bordeaux - Brive - Clermont Ferrand
- K Lille - Reims - Metz - Nancy - Strasbourg
- L Grenoble - Lyon - Clermont Ferrand - Bourges - Tours - Angers - Nantes
- M Nantes - Rennes - Vannes - Lorient - Quimper - Brest
- N Rennes - Nantes - La Rochelle - Bordeaux - Toulouse
- R Paris - Orléans - Bourges - Clermont Ferrand - Montpellier
Ces six relations pourraient pousser encore un peu plus dans le précipice les lignes ferroviaires correspondantes...
Eurolines sera chargé de la coordination avec les liaisons internationales dont le cabotage intérieur sera accru, de commercialisation et de l'exploitation de 300 véhicules climatisés (bien sûr), dotés de toilettes (heureusement), de sièges inclinables et du Wifi (qu'on attend toujours dans les trains).
Parallèlement, Starshipper, Flexibus et Megabus préparent leurs offres. IDBus également.
Quelques comparaisons grâce au site Isilines sur trois relations transversales pour comparer les temps de parcours et les émissions de CO² données par les deux opérateurs. Sur Bordeaux - Lyon, nous avons pris en comparaison le meilleur temps du Bordeaux - Lyon via Limoges quand il existait. Sur Nantes - Lyon, nous avons pris en comparaison un Intercités, qui bénéficie de la traction électrique de Nantes à Nevers. Les résultats mettent notamment en avant la disparité des situations, y compris pour le train, et remettent en cause le discours sur les vertus environnementales du car, tout en modérant celles du train (sncf.com estime l'empreinte du voyageur à environ 4,5 kg sur ces trajets).
Ligne | Autocar | Train | ||
Temps | Empreinte carbone CO² | Temps | Empreinte carbone CO² | |
Bordeaux - Lyon | 8h10 | 60,29 kg | 7h23 (1) | 33,7 kg (2) |
Bordeaux - Nantes | 5h20 | 18,17 kg | 4h |
19,5 kg (2) 12,2 kg (3) |
Nantes - Lyon | 10h40 | 92,1 kg | 7h20 | 17,3 kg (2)(4) |
(1) temps de parcours possible via Limoges - (2) sur la base de 2,6 kg de CO² par litre de gasoil consommé et 3 litres au km pour une occupation moyenne de 200 voyageurs, soit 52 g de CO² au km - (3) hypothèse Régiolis bimode avec 77 km en traction électrique à 10g de CO² par km et 299 km en traction Diesel à 40 g / km - (4) avec traction électique de Nantes à Nevers.
Si toute l'énergie dispensée à promouvoir l'autocar et à organiser sa mise en exploitation sur le trafic intérieur était mise au service du transport ferroviaire, si au lieu de baisser les bras, certains retroussaient leurs manches, certaines relations aujourd'hui en quasi état de mort clinique se porteraient sans doute un peu mieux...