Clermont Ferrand - Lyon : des directs utiles ?
La fusion des deux Régions se prépare et les deux Présidents ne sont pas avares de symboles révélateurs de l'état de la gouvernance ferroviaire française.
Sur la ligne Clermont Ferrand - Lyon , la Région Auvergne réclame de longue date des trains directs en 2 heures, contre au mieux 2h24 actuellement avec 3 arrêts intermédiaires à Roanne, Vichy et Riom. L'objectif est d'égaliser le temps de parcours en voiture. Initialement, la Région Rhône-Alpes n'y était pas favorable et privilégiait le maillage, d'autant que les 3 arrêts intermédiaires contribuent fortement au remplissage des trains. L'accord a finalement été conclu en faveur de la Région Auvergne, mais on peut être perplexe quant à la capacité réelle de tenir l'objectif car même en supprimant les 3 arrêts, le temps de parcours ressortirait vraisemblablement autour de 2h10 à 2h15. Seul un tracé sans aucune marge de régularité (les fameuses 4 min 30 pour 100 km) permettrait d'approcher l'objectif des 2 heures avec toutefois le risque d'une régularité très médiocre, encore plus que celle des trains à 3 arrêts.
On se souviendra qu'en 2007, la Région Rhône-Alpes avait demandé des trains directs Lyon - Grenoble toutes les heures en pointe et avait finalement supprimé ces relations deux ans plus tard en raison de leur faible fréquentation et d'une régularité très en-dessous de la norme.
La faiblesse de la relation Clermont - Lyon n'est pas tant son temps de parcours que le volume d'offre : 5 allers-retours par jour avec des creux de desserte colossaux. Il n'y a aucun départ de Lyon vers Clermont entre 6h40 et 11h40, puis des creux de 3 heures entre 11h40 et 14h40 puis entre 17h40 et 20h40. Pas étonnant dans ces conditions que le train souffre d'un manque d'attractivité. Depuis l'Auvergne, le dernier départ vers Lyon est à 16h !
La relation entre les deux villes justifierait une relation avec au moins un train toutes les deux heures : la fusion des deux Régions aura-t-elle un effet bénéfique sur l'offre ferroviaire ? Ce n'est pas sûr puisque les 2 allers-retours directs seront financés en partie par la suppression de 2 allers-retours vers Saint Etienne, mis sur route car les deux collectivités n'ont pas encore convergé quant à l'avenir de cette ligne reliant deux agglomérations de 280 000 et 400 000 habitants, qui ne compte que 3 rotations quotidiennes par train. La section "transfrontalière" entre Thiers et Boën pourrait faire partie de la liste des prochaines fermetures. La fusion des Régions avec la disparition de la relation entre deux des 4 principales agglomérations du futur territoire a-t-elle un sens ? Soyons rassurés, des autocars à haut niveau de service seront mis en place sur l'autoute A89...