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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
30 avril 2014

19 M€ pour sauver deux liaisons interrégionales dans le Massif Central

19 M€, c'est le budget qu'il faudrait mobiliser selon RFF pour arriver à maintenir deux liaisons ferroviaires entre des agglomérations de 200 à 400 000 habitants. On peut en préliminaire être surpris - voire même choqué - que l'avenir de dessertes par chemin de fer soit incertain sur des relations vers des capitales régionales, puisque les liaisons en question sont Clermont Ferrand - Limoges et Clermont Ferrand - Saint Etienne.

carte-massif-central

Clermont Ferrand - Limoges / Brive

L'unique liaison directe entre les deux villes passe par le coeur du Massif Central et la section de 22 km entre Laqueuille et Eygurandes Merlines qui devrait fermer en juillet prochain faute de moyens mobilisés pour investir 7 M€ afin d'assurer le maintien de l'exploitation voyageurs sur cet itinéraire est-ouest assurant la liaison de Clermont Ferrand vers Limoges et Brive la Gaillarde, et au-delà vers Bordeaux. Le TER 68551 part de Clermont Ferrand à 15h48 et arrive à Limoges Bénédictins à 19h43 après avoir desservi pas moins de 19 gares intermédiaires. En sens inverse, le TER 68554 quitte Limoges à 10h10 pour ne toucher Clermont Ferrand qu'à 14h31 en raison d'un arrêt de 22 min à Ussel. Evidemment, face à la voiture qui ne met que 2h45, la course est difficile...

Elle est d'autant plus difficile que l'itinéraire alternatif par le nord est loin d'être inintéressant puisque permettant aujourd'hui avec une correspondance à Montluçon en 14 minutes, la combinaison 68702 + 73106 aboutit à une liaison Limoges - Clermont en 3h50 malgré 14 arrêts intermédiaires sachant que le rebroussement à Saint Sulpice Laurière coûte 6 min. Il y a donc potentiellement entre 15 et 20 min à gagner sur cet itinéraire en supprimant rebroussement et correspondance, et l'objectif de 30 min n'est pas déraisonnable pour une liaison accélérée se limitant à 6 ou 7 gares sur le parcours. Cependant, en sens inverse, il n'existe pas de combinaison équivalente.

Vers Brive la Gaillarde, il faut compter 4h11 pour le TER 68501 Clermont 9h42 - Brive 13h53 avec 14 arrêts et un stationnement de 20 min à Ussel et un rebroussement à Tulle en 5 min. Au retour, le TER 68502 quitte Brive à 18h30 et touche Clermont à 22h25 après 3h55 de trajet, sans surstationnement notoire du fait de l'horaire tardif. Faut-il évoquer la concurrence routière en 2h10 ?

Ceci dit, selon le redécoupage des Régions qui sera effectué, en imaginant une fusion Auvergne - Limousin, ces deux liaisons deviendraient ô combien stratégiques pour le fonctionnement du territoire. Mais peut-on imaginer que l'Auvergne n'ait plus d'accès ferroviaire à l'arc Atlantique ? Certains semblent manifestement y songer...

Clermont Ferrand - Saint Etienne

Pourtant en apparence plus achalandée, la liaison Clermont Ferrand - Saint Etienne est aujourd'hui dans l'attente d'un financement pour la section comprise entre Thiers et Montbrison puisque la Région Auvergne a contribué à la modernisation de la desserte jusqu'à Thiers, tandis que la plupart des dessertes côté Rhône-Alpes se limitent à Montbrison pour le bassin stéphanois. Avec 7 allers-retours en semaine, la plupart des relations sont assurées en 2h30 à 2h40, mais une seule propose un temps de 2h11 : le TER 73267 Clermont 11h19 - Saint Etienne Châteaucreux 13h30. En sens inverse, on ne fait pas mieux que 2h30 avec le 73266 12h30 - 14h50.

Par l'autoroute, il faut moins de 2h, 1h45 très exactement pour relier les deux villes... mais il ne faudrait que 12 M€ pour assurer le maintien de l'exploitation sur la section "frontalière", qui pourrait ne plus le devenir si l'Auvergne fusionnait dans la réforme territoriale avec Rhône-Alpes !

Mais plus raisonnablement, peut-on imaginer un seul instant que des villes de 250 000 à 400 000 habitants ne puisse être reliée autrement que par la route ? Si les arguments habituels sur le manque de potentiel devaient être avancés, alors il faudrait sérieusement envisager la fermeture des deux tiers du réseau ferroviaire français : si le train est un transport de masse, comment expliquer qu'entre des agglomérations de cette taille, on n'arrive pas à se donner les moyens d'une offre ferroviaire acceptable ?

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Commentaires
T
On peut donc deja tirer un grand bravo aux elus d'Auvergne et aux responsables de l'Etat et de la SNCF qui ont laisse ferrmer la section Laqueille Eyguerande avec desormais un service de bus entre Clermont et Ussel. La consequence drecte est la suivante;<br /> <br /> Fin du Bordeaux Clermont<br /> <br /> Mise en peril des des lignes Ussel Brive et Ussel Limoge puisqu'on met en car la section de ligne la plus interessante par rapport a la route. En effet si le rail est performant par rapport a l'autoroute c'est bien pour acceder au centre ville de Clermont Ferrand.....<br /> <br /> Mise en peril de la ligne Clermont Mont d'Or qui voit le nombre de trains circuler encore diminuer......<br /> <br /> <br /> <br /> Une betise sans nom et un saccage a grande echelle pour de derisoires economies a l'echelle de la problematique
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G
Bah, ces "réalités incontournéables" ont pourtant bien été modifiées par les politiques. La réalité du POLT était bien différente avant 1988: à l'époque du "Capitole", la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse était une ligne majeure à fort trafic. Vierzon -sur le parcours- possédait l'une des plus importantes gares de triage de France. Pour faire Limoges-Paris, on pouvait compter sur un temps de trajet inférieur à 2h45. Les brivistes pouvaient faire l'aller-retour à Paris dans la journée. Le lobbying des décideurs bordelais à provoqué la déviation de la liaison Paris-Toulouse aux profits de Bordeaux. Le résultat aujourd'hui pour Limoges est un allongement déplorable du temps de trajet vers Paris (entre plus de 3h10 et 4h20 selon les trains). Il faut se méfier des "réalités incontournables", qui exemptent les politiques de tout volontarisme politique: la métropolisation, présentée comme une réalité incontournable par les décideurs, sert de prétexte pour désaménager des régions telles que le Limousin et l'Auvergne. La notion de "région rurale" -de plus en plus obsolète d'un point de vue géographique- est elle-même à manipuler avec des pincettes...
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G
N'oublions pas les commissaires européens: ils ont défini neuf "corridors transeuropéens". Aucun ne passe par le centre de la France: ni Limoges, ni Clermont (ni même Toulouse!!!) ne sont concernées.<br /> <br /> A l'échelle de la France, l'on pourrait légitimement se demander si cette inégalité des territoires est constitutionnelle: aux petits veinards qui habitent les grandes métropoles et qui ont les moyens de s'offrir des billets de train onéreux : des lignes TGV de luxe. Et aux autres : des liaisons foireuses (retards -et même trains annoncés mais qui ne partent pas-, trains sales, mal équipés, allongement des temps de trajets comme c'est le cas pour le POLT, terminus parisien mal situé, éventuellement catastrophes ferroviaires, cf Bretigny...).
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T
il est clair que si les élus de ces territoires avaient dépensé 10% de l'énergie et du cout qu'ils ont dépensé pour développer les infrastructures routieres, en faveur du rail, on n'en serait pas là au niveau du réseau ferroviaire....et lorsque les élus s'y intéressent; c'est pour délirer sur des LGV où le le niveau de service proposé est dérisoire et la minute gagnée très très chère....<br /> <br /> <br /> <br /> On raisonne Autoroute, 2 fois deux voies et lorsqu'il faut implanter un pole générateur de trafic , on ne s'intéresse qu'à l'accessibilité routière...cf Vulcania<br /> <br /> <br /> <br /> Un désastre....alors oui il n'y a pas que la SNCF et l'Etat qui sont responsables....mais toute l'élite politique et économique qui depuis 40 ans raisonne aménagement du territoire,désenclavement pour la route et maitrise des dépenses publiques pour le rail.......
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G
En Limousin -du moins- c'est faillite du rail ET de la route! Les élus n'ont pas défendu des chantiers routiers qui relèvent de l'équipement a minima: RN21 entre Limoges et Périgueux, route entre Limoges et Clermont (une ancienne nationale déclassée en départementale!), RD 520 au Nord de Limoges, RN 147 entre Limoges et Poitiers (4 morts en une semaine au mois d'avril): http://limousin.france3.fr/2014/04/28/quel-avenir-pour-route-nationale-147-entre-limoges-et-poitiers-467799.html. Dans notre région, il faut au moins 25 ans pour mettre un tronçon de 100 km en 2x2 voies. Et l'autoroute A20, présentée comme une oeuvre d'aménagement du territoire (je précise "oeuvre", car on nous la présente souvent comme une "bonne oeuvre", que l'Etat par sa grande bonté nous a si généreusement octroyée), son enrobé est de si mauvaise qualité qu'elle est limitée à 110 km/h sur un tronçon de 50 km.<br /> <br /> L'aménagement du territoire ne concerne plus que les zones riches de notre pays: Bordeaux, Nantes, Lyon... Pour le reste -régions de la diagonale du vide (Limousin, Auvergne), villes immergées dans des espaces ruraux (Charleville-Mézière, Châlons en Champagne...), espaces éloignés de Paris (Mende, Rodez...)- l'Etat n'est plus là. Les rares choses réalisées sont présentées comme des cadeaux, des faveurs (ex: maintien du tribunal de Tulle), ou relèvent de l'électoralisme. Les habitants concernés doivent se débrouiller (ex: à la suite du démantèlement des TER depuis les années 1980 en Hte-Vienne: coût du transport par car, notamment pour desservir les zones pavillonnaires qui se multiplient, campagne en faveur du co-voiturage organisée par le CG87, présenté comme "éco-responsable"!) ou envisager d'énormes dépenses pour pouvoir bénéficier des mêmes infrastructures que les espaces riches (ex: Hollande accepterait, semble-t-il, la création de la LGV Limoges-Poitiers, mais à la seule condition que... l'Etat ne participe pas à son financement! Mais qui va donc payer les 2 milliards d'euros nécessaires à la réalisation de ce chantier?).<br /> <br /> Les Bretons ("bonnets rouges") et les Corses sont plus débrouillards que nous...
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C
Les élus ont une responsable écrasante. Il est faux de dire qu'ils ne sont pas combattifs, ils le sont pour construire des autoroutes, des voies rapides, des rocades. Ils ont construit un réseau routier performant et laisser péricliter depuis des décennies le réseau ferroviaire. L'écart entre les deux est devenu colossal. <br /> <br /> Attaquer Paris est une facilité qui ne conduit nulle part, elle exonère les responsabilités locales. Les élus seront toujours d'attaque pour faire des discours contre le parisianisme tout en finançant les routes qui tuent à petit feu le train. Maires, conseillers généraux et régionaux, ce sont eux qu'il faut mettre face à leurs responsabilités.
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C
Très bon commentaire de Guilhem.
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G
La Sncf se contrefiche du Limousin et de l'Auvergne. Pour les décideurs parisianistes, l'Auvergne et le Limousin sont des espaces de bouseux et de ploucs non rentables qui ne méritent que d'être happées par Lyon et par Bordeaux. Il suffit d'observer comment le gouvernement et autres décideurs mènent les habitants de ces régions en bateau, proposant des projets, puis les annulant (ex: le pendulaire sur le POLT) ou proposant des perspectives hyper-lointaines (au-delà de 2030 pour le POCL à grande vitesse), ou donnant de faux espoirs (ex: la LGV Limoges-Poitiers). Souvent, ils ne daignent même pas répondre aux courriers des associations, ni aux pétitions (plus de 8000 signatures pour la réouverture de la transversale Bordeaux-Limoges-Lyon). Nos propres élus n'ont aucune combattivité, et laissent les associations d'usagers souvent seules face aux hauts fonctionnaires. La "réforme territoriale" va évidemment aggraver cette situation: qui peut croire que le bien-être de la population du Massif Central s'améliorera lorsque le Limousin et l'Auvergne seront devenues des zones de confins de l'Aquitaine et de Rhône-Alpes, mal reliées aux capitales régionales tout comme à Paris? Devinez où se feront le économies, sachant que depuis les années 1970 les investissements d'ampleur ne se font qu'aux profits des grandes métropoles...
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T
D'ailleurs c'est aussi sidérant que l'ancien Maire de Tulle François Hollande accepte ainsi que sa ville se retouve coupée de Clermont Ferrand......
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T
D'ailleurs c'est aussi sidérant que l'ancien Maire de Tulle François Hollande accepte ainsi que sa ville se retouve coupée de Clermont Ferrand......
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T
Si la SNCF était gérée normallement , elle serait vent debout contre ces perspectives de fermeture car cela va obliger à mettre en place une offre ferroviaire sur chaque section maintenue plus une offre de car avec le casse tête de la desserte des villes intermédiaires entre elle et sans parler de la désoptimisation de la gestion de parc de matériel roulant et de personnel.Mais non; c'est tellement mieux de vendre de l'autocar....<br /> <br /> <br /> <br /> Et c'est vrai que s'il n'y a pas de potentiel pour relier des villes de 200 000 habitants sous prétexte qu'il y a une autorute plus rapide; on peut effectivement programmer la fermeture des 2/3 du réseau Français
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