Créé par Trenitalia et Véolia Transdev en 2011 pour exploiter des relations entre la France et l'Italie, Thello a d'abord mis en circulation des trains de nuit au départ de Paris à destination de Venise et l'année dernière en direction de Rome, succédant aux trains Artésia opérés par la SNCF et Trenitalia.
Paris gare de Lyon, 27 avril 2012 - Mise à quai du train Thello à destination de Venise. Il est composé d'une BB36000 loué par Akiem et de voitures couchettes et de voitures lits récupérés auprès des FS, celles-là même qui assuraient jadis les relations Artesia. © transportrail
Thello a obtenu de l'Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires une réponse positive quant au caractère international d'une liaison Marseille - Gênes - Milan (le contraire eut été surprenant). Thello souhaite en effet mettre en oeuvre un service sur cette relation en 2014.
Toutefois, l'ARAF a été saisie de façon pour le moins étrange par la Région PACA qui redoute une concurrence sur ses lignes express routières entre Marseille et Nice. Ne serait-ce pas plutôt une manoeuvre pour freiner l'arrivée d'un opérateur autre que la SNCF ?
Thello lorgne également sur d'autres relations, notamment Lyon - Turin, et plus surprenant, Paris - Bruxelles, puisque l'entreprise a obtenu un certificat de sécurité pour rouler sur le réseau belge.
La région n'a fait que défendre les intérêts de ses usagers, car Thello a, comme par hasard, demandé le sillon intercité, le plus rentable, ce qui conduirait à la suppression du TER intercité matinal, celui qui a le meilleur remplissage et un des rares pour lesquelles les recettes équilibrent quasiment les couts. Comme vous le savez, les possibilité de sillons intercités entre Marseille et Nice ne sont pas démultipliable compte tenu de la densité des services périurbains. Il n'y en a que 2 par heure.
Conséquence pour les usagers, ceux avec abonnement ou carte Zou : ne plus pouvoir prendre le train dont l'horaire est le plus pratique. La région aurait alors du faire circuler son TER dans une demi-heure encadrante.... mais avec nécessairement un remplissage moins bon, d'où une perte de recette à cout d'exploitation identique. La région pourrait alors décider de supprimer ce TER interville, mais alors cela casse la rotation des rames pour la SNCF qui n'aurait donc pas réduit sa facture à proportion, tandis que la région, elle, y perdait bien les recettes.
N'avait-t-on pas dit que le privé, c'est formidable, c'est magnifique, ils vont faire renaitre du trafic ferroviaire sur les petites lignes ? Alors pourquoi commencer sur Marseille Nice qui connait des problèmes de saturation ? On est là dans l'apothéose du privé qui s'insère sur un segment le plus juteux, au mépris du service public : mais continuez, c'est sans doute comme ça que vous parviendrez à "vendre" les trains privés.
La vraie question, c'est pourquoi, si Thello voit du potentiel sur Marseille Nice Genes Milan (et il n'y avait pas besoin d'être visionnaire !), la SNCF a-t-elle préféré mettre en place des IDBus... Pourquoi les TER intervilles Marseille Nice ou les intercités Bordeaux Nice ne sont pas prolongés jusqu'en Italie, en se réfugiant derrière un prétexte de non compatibilité de la traction, qu'apparement Thello résout ? Contourner le problème par la concurrence qui détruira plus qu'elle n'apportera n'est pas une solution.