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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
24 août 2009

LGV PACA : quand l'écologie déraille

Voilà que certains mouvements écologistes, pour le moins extrêmes, s'en prennent au transport ferroviaire et singulièrement au TGV pour dénoncer ses graves atteintes à l'environnement. Dans le grand quotidien français du soir, les arguments pleuvent sur l'éco-système et les émissions de CO² nécessaires à la construction du TGV. Grand sujet à la mode, on en sera peut-être bientôt à l'élimination des six milliards d'éléments, appelés êtres humains, qui par leur respiration rejettent du CO².

Plus sérieusement, ces réflexions aussi louables soient-elles, ne raisonnent que dans des vérités théoriques oubliant la réalité du quotidien. Faire de l'écologie absolutiste est certainement le meilleur moyen de décrédibiliser toute action pour engager la transition verte dont a besoin le pays pour diminuer sa dépendance quotidienne à l'égard des fluctuations des cours pétroliers et devenir un peu plus autonome énergétiquement parlant.

Certains en sont encore au schéma du "TGV pour les riches" en arguant que la grande vitesse génère de l'inégalité sociale. Argument de ceux qui ne doivent pas souvent voyager, car le melting pot social dans les TGV est une réalité sinon quotidienne, du moins assurément hebdomadaire. Quant aux TER, la hausse du trafic ne saurait être qualifiée d'origine purement "prolétaire" pour employer un jargon peu flatteur mais que certains devraient comprendre...

En alternative, ces groupes écologistes réclament la modernisation du réseau existant au lieu de développer le TGV sans distinction. Certes, avec la dépense considérable du TGV Côte d'Azur, on a probablement une enveloppe représentant l'investissement nécessaire à la modernisation de l'intégralité du réseau classique français.

On remarquera tout de même que sur le plan énergétique, le TGV mord à pleines dents dans le juteux marché du transport aérien et qu'il contribue donc d'une certaine façon à réduire l'empreinte énergétique du transport intérieur.

Certains, voulant probablement faire croire qu'ils ont une bonne connaissance du transport ferroviaire, rappellent qu'on a roulé "aussi vite qu'un TGV" sur la ligne des Landes. Qui se souvient de l'état de la voie après les records des CC7107 et BB9004 ? Ce n'était plus du rail, mais de la guimauve ! Oui, il est possible d'optimiser le réseau classique en vitesse, mais guère au-delà de 220 km/h, vitesse pratiquée entre Tours et Bordeaux. Rien à voir avec les 300 voire 320 km/h pratiqués sur une ligne nouvelle.

Il ne faut pas se tromper de "combat" ou plutôt de logique de raisonnement. La grande vitesse ferroviaire est un outil qui a démontré ses capacités techniques et géo-économiques sur l'évolution du territoire et les dynamiques entre les grands bassins urbains. Elle n'est pas la recette universelle que cherche sempiternellement la France dans la plupart des domaines. Elle est un levier qui doit être utilisé à bon escient : d'abord en la connectant systématiquement aux lignes existantes - et donc en cessant de faire des gares isolées - puisqu'un bon TGV ne fonctionne que par une bonne alimentation par les réseaux urbains et interurbains adjacents ; ensuite en concentrant les investissements sur les sections les plus utiles dans une vision débarrassée des visées électoralistes de quelques personnalités politiques en manque de rubans tricolores à couper.

Bref, il ne s'agit pas tant de choisir brutalement entre TGV et réseau classique que de composer un dosage subtil entre le développement de l'un et l'optimisation de l'autre. Dans le cas de PACA, le besoin d'une desserte métropolitaine autour de Marseille et de l'ensemble Cannes - Nice - Monaco - Menton, pose assurément la question de la création d'une nouvelle infrastructure. Reste à définir le bon scénario.

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21 août 2009

L'ouverture... même au ferroviaire !

On le sait, le chef de l'Etat est un adepte de l'ouverture et ça ne fait pas que des heureux, même dans sa famille politique. Nouvelle application du concept en vue les 21 et 22 septembre prochain avec l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi relatif à la création de l'autorité de régulation ferroviaire, chapeautant la SNCF et RFF (et quid de l'EPSF ?) dans le cadre de l'ouverture du marché ferroviaire fret et longue distance voyageurs.

Plusieurs amendements ont été déposés par la majorité pour autoriser les Régions à expérimenter l'ouverture du marché ferroviaire régional. Le 13 décembre prochain, entre en vigueur le règlement européen sur les obligations de service public et la période de transition de 10 ans pour l'harmonisation européenne commence. En résumé, le règlement européen consacre le principe de la délégation de service public selon des formes très proches de celles aujourd'hui connues en France pour l'exploitation des réseaux urbains et pérennise les régies internes et les droits exclusifs à condition que l'opérateur ne candidate pas sur d'autres réseaux. Stricto sensu, le règlement OSP n'oblige pas à mettre en concurrence ou à privatiser, mais élargit le champ des possibles et incite certains grands opérateurs (la RATP et la SNCF au hasard...) à clarifier leur position entre la préservation d'un domaine exclusif et la compétition internationale.

Certains y voient, non sans de bonnes raisons, une habile manoeuvre politique destinée à lancer la campagne des élections régionales sur le thème des transports, en poussant les Régions à prendre position sur la question. Jusqu'à présent, seule l'Alsace se disait intéressée par une expérimentation.

18 août 2009

Normandie : réflexions sur le noeud de Rouen

Si depuis quelques mois, on parle ferroviairement essentiellement des cogitations élyséennes sur un TGV Paris - Le Havre qui, au-dela de la liesse que peut provoquer de tels effets d'annonces, pose autant de questions sinon plus qu'il n'en résout, il ne faudrait pas oublier que l'agglomération rouennaise est également le coeur d'un grand projet mêlant transports et urbanisme.

La gare de Rouen Rive Droite est nichée dans la topographie difficile de la rive droite (d'où son nom !) de la Seine entre deux tunnels à deux voies. Bref, une gare au chausse-pied dans laquelle les trains de 300 mètres sont prohibés pour cause de respect des longueurs de quais (VO144 pour les intimes).

A horizon 2020, les études réalisées par la Région Haute-Normandie considèrent que seuls les trois quarts des trains nécessaires, sans compter la réouverture éventuelle de Rouen - Evreux ou l'apport d'un éventuel TGV, pourraient être tracés.

La création d'une nouvelle gare, en rive gauche, sur des terrains ferroviaires, ceux de la gare Saint-Sever, serait combiné à la fois avec le développement d'une desserte périurbaine, l'ouverture au réseau TGV, la croissance générale du trafic des transports publics, et la volonté affichée de la ville de Rouen de sortir de son image industrielle et de ville satellisée par la capitale. Saint-Sauveur voudrait donc se situer à l'égal d'Euralille ou de Lyon Part-Dieu.

Depuis l'ouest, et en particulier Le Havre, le percement d'un tunnel sous la Seine serait nécessaire afin de rejoindre la gare Saint-Sever, branchée à l'autre bout sur la ligne Rouen - Paris.

Pour la gare historique, l'idée en cours est de la muer en pôle d'échanges du bassin de vie avec la création d'un tram-train diamétral, reliant Barentin à l'ouest à Elbeuf au sud de l'agglomération. Les estimations les plus optimistes (qui sont souvent dépassées) tablent sur 13000 voyageurs par jour. Le tram-train serait sur les voies actuelles de Barentin à la gare historique, puis plusieurs variantes de tracé sont explorées pour rejoindre Elbeuf, par les lignes existantes : deux solutions sont possibles, l'une par la voie unique longeant le complexe industriel du Grand Quevilly et aboutissant à Saint-Pierre-les-Elbeuf via Elbeuf-ville; l'autre par Oissel et Tourville, utilisée actuellement par les TER aboutissant à la gare Elbeuf-Saint-Aubin.

15 août 2009

Un 15 août sur Paris - Deauville

Ce samedi, Transport Rail a décidé de faire comme nombre de "vrais" parisiens en prenant la route de la Normandie et de ses plages pour aller prendre l'air. Direction Deauv'... Deauville pour les non-initiés. Au menu, Corail relookées Basse Normandie, ligne de la côte jusqu'à Cabourg, plage d'Houlgate bordée par le train.

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Deauville-Trouville - 15 août 2009 - Pendant qu'une meute de voyageurs descendant du Corail en provenance de Paris après 3 heures de voyage dans des conditions dantesques, un UM d'X73500 assure la correspondance pour Dives-Cabourg. © transportrail

"Serrez dans les couloirs s'il vous plaît"

8h20 à la gare Saint Lazare, le train est affiché et commence un véritable sprint pour aller conquérir sa place. Non que la rénovation (au demeurant réussie) des voitures crée un engouement pour le bon vieux siège de Roger Tallon de la part des voyageurs, mais 98% des places étant réservées, les voyageurs sans réservation ont intérêt à foncer pour capter les quelques places libres.

Manque de chance, 10 voitures Corail totalisent à la grosse louche 740 places assises... et petit à petit, les candidats au voyage vont s'apercevoir qu'il en manque par centaines. Et à 8h45, à l'heure prévue, le train ne part pas. Silence radio de la part des contrôleurs qui se font petit sous les remarques des voyageurs qui leur signalent que l'entreprise vend plus de billets que de places, ce qui peut s'apparenter à de la cavalerie. Vendre du vent, de bon matin, avec femmes et enfants, le sac de plage et la quête des lunettes de soleil du petit dernier, forcément, ça n'incite pas à la fraternité...

A 9h15, une fois le direct Caen pour Cherbourg expédié... et l'intervention de la police ferroviaire, une première annonce : "En raison d'un nombre trop important de voyageurs, le départ du train est retardé". On est tenté de dire "Oui, merci, on avait remarqué... mais c'était peut-être prévisible non ?" Il est toujours agaçant de constater que dans ces situations, récurrentes sur pas mal d'axes (on pourrait aussi parler de la vallée du Rhône...), sont toujours transformées par le personnel de bord de la SNCF pour mettre au ban des accusés les voyageurs qui ont acheté des billets en pensant pouvoir voyager normalement.  Finalement, le train part et gagnera Deauville sans prendre plus de retard qu'au départ.

Retour le soir, départ 18h12... strictement la même chose. A la différence que l'auteur de ces lignes tente le tout pour le tout. A défaut de places assises dans une rame Corail aussi bondée que le RER A un jour de grève, cap sur la locomotive pour aller s'enquérir auprès du mécanicien de l'horaire de départ prévisionnel. Mine déconfite devant la situation, le conducteur ne cache pas une forme de malaise à voir les clients ainsi transportés. "Quitte à être debout, autant profiter du paysage..." constituera le sésame - bien informel - pour le rejoindre en cabine de la BB 15014. Pas de climatisation, certes, mais une belle discussion tout au long du trajet et la possibilité de s'asseoir sur le tabouret réservé à l'aide-conducteur ou au cadre-traction. Merci à lui d'avoir bravé le règlement...

On a perdu Anatole

Après le récit, l'analyse : où sont passés les "Anatole", les trains de dédoublement dans le jargon ferroviaire ? Partant du principe que la quasi-totalité des voyageurs réservent, il est donc facile de savoir quelle est la capacité à offrir pour chaque service. 11 voitures étant le maximum qu'on puisse caser dans la gare Saint Lazare, du fait de la longueur des quais, si cette composition ne suffit pas, la SNCF autrefois envoyait des trains supplémentaires au cours des superpointes d'été vers les plages, vers la montage en hiver.

Etonnamment, cela marche avec les TGV vers les Alpes et les Pyrénées en hiver, vers la Méditerranée et l'Atlantique en été. Pourquoi diantre doit-on supporter une telle incurie sur des Corail ? Déficit de l'activité Intercités ? Que nenni ! Les liaisons normandes sont dans le vert, ce qui a permis de rajeunir les Corail.

Alors lançons un Avis de Recherche : on a perdu Anatole. Signe particulier : roule épisodiquement, derrière le train régulier, avec une composition généralement réduite. Mission : absorber les coups de bourre pendant les périodes de vacances. Si vous le retrouvez, écrivez à la SNCF, 34 rue du Commandant Mouchotte, Paris 15ème.

14 août 2009

Belgique : développement du réseau à grande vitesse

Avec la mise en service par Infrabel de la section Liège - Aix la Chapelle de la ligne à grande vitesse entre Bruxelles et l'Allemagne, 20 minutes sont gagnées sur le parcours entre Liège et Cologne. La LGV3 prolonge donc la LGV2 entre Louvain et Ans sur l'axe Paris - Bruxelles - Cologne. En décembre prochain, Paris - Cologne passera de 3h50 à 3h14. Bruxelles et Francfort ne seront plus qu'à 2h56 au lieu de 3h42.

La vitesse sur cette section, essentiellement implantée le long des autoroutes belges, est de 260 km/h et de 200 km/h dans le tunnel frontalier (eh oui, la Belgique n'est pas aussi plate que ne le chantait Jacques Brel).

Le premier maillon de la LGV4 sera prêt en fin d'année, entre Anvers et la frontière hollandaise, qui accélèrera la liaison Paris - Bruxelles - Amsterdam en la rapprochant de l'objectif des 3 heures.

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14 août 2009

L'Espagne vise les 350 km/h

Finalement, l'Espagne a été doublée par la Chine puisque c'est entre Beijing et Tianjin que se pratique pour la première fois au monde la vitesse de 350 km/h en service commercial sur une ligne TGV. Sur Barcelone - Madrid, les rames plafonnent pour l'instant à 300 km/h, et selon la RENFE, un relèvement de la vitesse à 320 km/h serait suffisant pour assurer un trajet en 2h30.

Néanmoins, la RENFE et ADIF se penchent sur de nouvelles solutions pour gagner du temps, notamment dans les intercambiadors, qui permettent de passer de l'écartement ibérique de 1667 mm à l'écartement UIC de 1435 mm. Toujours dans la série des innovations à plus ou moins long terme, la RENFE planche sur un matériel à grande vitesse de grande capacité, mais sans recourir au Duplex : comme sur le Francilien, l'Espagne explore le gabarit large pour offrir 5 places de front avec des caisses de 13 m de long et 3,2 m de large, probablement d'abord pour les services régionaux à grande vitesse.

13 août 2009

Renouveau ferroviaire en Livradois-Forez

La vallée de la Dore serait-elle en passe de devenir une enclave ferroviaire ? Le syndicat mixte du Parc Naturel du Livradois-Forez vient de faire l'acquisition des 65 km de voies ferrées entre Arlanc et Sembadel, et jettera prochainement son dévolu sur les 25 km entre Sembadel et Darsac.

L'objectif ? Constituer un réseau ferroviaire au sein de cet espace forestier qui puisse tout à la fois maintenir une desserte pour le transport de marchandises (déjà en partie assuré sur la partie nord par l'AGRIVAP), et faire circuler des trains de voyageurs à caractère touristique. Alors même que RFF vent une partie du patrimoine dont il considère ne plus pouvoir supporter la charge au regard de la maigreur des trafics, l'acquisition de ces voies ferrées sonne juste alors que la mission Chauvineau préconie le principe des opérateurs de proximité pour développer le transport de marchandises par rail en France.

Avec ces acquisitions, 157 km de voies ferrées seraient ainsi gérées de façon autonome, avec un point d'accès au réseau national à Darsac. Reste à transformer l'essai pour revitaliser ces lignes par des solutions intelligentes de transport ferroviaire pour la filière bois.

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Ambert - 13 juillet 2008 - L'autorail panoramique de l'AGRIVAP en gare d'Ambert, à destination de La Chaise-Dieu. Ce chemin de fer n'est pas uniquement destiné au tourisme ferroviaire, mais contribue aussi à l'économie locale avec une desserte marchandises. L'extension du réseau serait-il un signe avant-coureur de revitalisation par le biais de solutions pragmatiques, légères et adaptées aux réalités locales ? © transportrail

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