CPER Auvergne – Rhône-Alpes : enfin un accord
C’est assurément l’un des protocoles les plus difficiles à conclure pour le prochain Contrat de Plan Etat-Région, officiellement sur la période 2023-2027, mais on serait tenté de le décaler d’une année compte tenu de l’échéance à laquelle il serait signé.
La Région Auvergne – Rhône-Alpes avait d’abord tenu un discours extrêmement fermé, refusant – non sans raisons - de se substituer à l’Etat pour le financement des investissements de renouvellement sur les lignes de desserte fine du territoire. Il est vrai que les Régions n’ont officiellement pas cette compétence, mais que ce volet s’est invité voici 19 ans dans les CPER. Difficile dans ces conditions de croiser le fer avec l’Etat surtout quand les autres Régions, pourtant dans la même situation, se montrent plus résignées.
La situation est en outre plus difficile car le mur d’investissements est toujours devant, et les marges de manœuvre régionales pas forcément à la hauteur : le volume résiduel de ressources dynamiques (par la fiscalité) n’est pas au mieux de sa forme du fait de la conjoncture, modérant les capacités régionales.
Le protocole d’accord prévoit 430 M€ pour le renouvellement des infrastructures et 322 M€ fléchés en direction des Services Express Régionaux Métropolitains de Lyon – Saint-Etienne, Grenoble, Clermont-Ferrand et Genève. Signalons aussi 494 M€ pour le volet routier et 110 M€ pour l’aménagement de véloroutes.
Le message est clair : avec les budgets contractualisés, il n’y aura pas de réouverture de lignes, ni sur la partie centrale de Saint-Etienne – Clermont-Ferrand, ni entre Evian et Saint-Gingolph, ni entre Volvic et Ussel, ni entre Oyonnax et Saint-Claude. De l’aveu même du président de la Région, il va surtout falloir éviter que d’autres lignes soient suspendues. Ce ne sera pas facile car les budgets sont tout de même limités.
Néanmoins, il faut préciser plusieurs points spécifiques.
Certains besoins sont bien identifiés mais devraient être traités dans un cadre de financement particulier. C’est le cas dans l’Allier pour les lignes qui seraient concernées par le projet d’extraction de lithium à Echassières, concernant notamment la section Montluçon – Gannat. Il faudra rapidement statuer sur ce projet actuellement en débat public, Imerys envisageant un début d'exploitation dans 4 à 5 ans. Ce pourrait être aussi le cas de l’étoile de Veynes, en particulier la ligne des Alpes, en lien avec les Jeux Olympiques d’hiver de 2030… mais avec d’emblée un doute sur la consistance de ce qui pourra être fait dans d'ici fin 2029 !
L’enveloppe consacré aux dessertes périurbaines intègre dans certains cas des lignes de desserte fine du territoire. Le principe voudrait que seuls les investissements de modernisation (augmentation de capacité et de performance, voire électrifications) figurent dans cette enveloppe, le renouvellement devant être pris en charge par les principes habituels. Cas d’école ? L’Ouest Lyonnais et le sud grenoblois.
Au demeurant, les 322 M€ alloués aux SERM semblent potentiellement surabondants par rapport au contenu réel des opérations réalisables dans ce délai : principalement des études et quelques débuts de réalisation. La tentation sera probablement grande d’effacer la frontière entre les deux enveloppes ferroviaires pour gonfler les investissements de renouvellement, y compris en dehors des périmètres périurbains, afin d’afficher un bon taux de consommation des crédits négociés.
Parmi les dossiers « SERM » dont il faudra s’assurer qu’ils sont sur le dessus de la pile, citons la modernisation de la signalisation entre La Roche-sur-Foron et Saint-Gervais (augmentation de capacité pour Léman Express qui craque de plus en plus au fil des mois), celle de la ligne des Alpes, indispensable également au développement de la liaison Grenoble – Gap (au lien évident avec le thème JO 2030), et l’achèvement du processus sur l’Ouest Lyonnais, même si pour l’instant, la branche de Lozanne reste en suspens (tram-train ou pas ?).
Enfin, une zone d’ombre reste à clarifier, concernant la ligne Saint-Gervais – Vallorcine, où demeurent des besoins de renouvellement, sur la voie et sur les installations électriques. Ici aussi, les JO 2030 joueront-ils un rôle salvateur pour débloquer les budgets ?